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1-G VOIE DE RENNES AU MANS

1-G   

 Voie de CONDATE

à VINDUNUM (Le Mans)

 

      L'existence de cette voie semble certaine, bien qu’elle ne soit mentionnée dans aucun des deux document écrit.  

    Sortant de Rennes, elle suivait vraisemblablement la rue de Paris. L’ancienne Route Royale de Rennes à Paris, reprenant le tracé de la voie romaine de Condate à Subdinum, se détachait du côté nord de la rue actuelle, à 300 m, à l’ouest du Centre Hospitalier Psychiatrique, anciennement hôpital Saint-Méen. Elle traversait le campus de la faculté de sciences de Beaulieu, sur la route de Cesson, et on peut d’ailleurs suivre son parcours sur les anciens plans de la ville de Rennes. Elle se dirigeait vers le quartier Saint-Laurent puis décrivait un grand arc de cercle en passant par le lieu-dit la Croix des Hêtres, à 1600 m plus loin.

    Après être sortie de Rennes, elle aboutissait à l’ouest de l’église de Cesson-Sévigné, dont le nom vient de l’anthroponyme gallo-romain Cessius. Elle y était encore visible il y a quelques années sur une distance de trois kilomètres et demi.

                  

Cesson-Sévigné, la chaussée et le vieux pont.   

 

      La voie traversait ensuite la Vilaine au sud de l’église, sur une chaussée qui existe encore. Cette chaussée est coupée par trois ponts : le premier date du Moyen-Age, il avait cinq arches en arc brisé, séparées par de forts éperons triangulaires. Quatre de ses arches sont conservées. Le troisième pont comprenait, jusqu’en 1850, six arches en plein cintre de dimensions différentes, et était appelé Pont des Romains. On a fait, à plusieurs reprises, dans ses environs, des trouvailles d’objets gallo-romains dont certains sont conservés au musée archéologique de Bretagne (1).            

        A l’extrémité sud de la chaussée, la voie tournait brusquement vers l’est et se dirigeait par une deuxième chaussée, puis par un chemin rural, vers Champagné, à 200 m du pont, puis vers Grippé, 300 m au-delà, ces lieux tous deux situés sur la rive gauche de la Vilaine (le suffixe gné de Champagné dénote une origine gallo-romaine, un habitat ancien).

      La voie obliquait ensuite vers le nord-est, devait traverser de nouveau la Vilaine pour atteindre le château des Onglées, à 800 m du lieu-dit Pontbriant. En bordure de l’avenue des Onglées qui se dirige vers Acigné, on a trouvé en 1879, à 500 m du château, des urnes funéraires dont quelques-unes sont au musée de Bretagne. D’autres urnes avaient également été trouvées près de là en 1840.            

      La voie devait traverser ensuite le ruisseau de Chevré, au pont de Maillé, et gagner ensuite Acigné par un chemin de 700 m de longueur, encore visible aujourd’hui (le suffixe gné d’Acigné accuse une origine gallo-romaine, peut-être le nom d’homme, Accinius).

Acigné 1

 Sur cette gravure ancienne d'Acigné, on aperçoit encore la chaussée.  

 Acigné 2

Photo ancienne d'Acigné, le vieux pont et la chaussée. 

      La voie suivait alors la route départementale D29, vers Servon-sur-Vilaine, et se détachait de son côté nord, à 1400 m d’Acigné, sous le nom de Vieux Grand Chemin  

      Nous pouvons suivre ce chemin rural dont le tracé reste parallèle à la route actuelle. Il coupe successivement une route se dirigeant vers le village de Bourgon, 900 m après son embranchement et 2 200 m plus loin, une autre route qui rejoint le village de Tatoux (2), 1 500 m après, la route D101 de Servon à La Bouëxière, tout cela à 1 300 m au nord de Servon-sur-Vilaine. C’est à cet endroit que pouvait se trouver l’intersection de la voie avec celle de Rieux à Avranches (voie 3-F).            

            

 Tatoux

 La motte de Tatoux pourrait correspondre à l'emplacement d'un ancien fort.

 

     Ce chemin passe ensuite à 500 m de Broons, coupe à un kilomètre à l’est de Broons la route D95, de Châteaubourg à La Bouëxière, après avoir parcouru une distance de huit kilomètres. Il était autrefois très large mais les communes d’Acigné et de Servon en ont vendu les côtés en 1848 ; malgré cette amputation, il mesure encore une quinzaine de mètres (3). 

      Ensuite, le parcours devient plus incertain. La voie aurait pu suivre l’actuelle route départementale D29, pendant 800 m, avant de servir de limite aux communes sur 500 m, sous la forme d’un chemin rural, de la Croix-Jallu à la Bilouyère. Puis elle pouvait continuer vers la Héroïsière, au sud du lieu-dit le Bois du Gué, marquant la limite sud de la forêt de Chevré. Elle suivait ensuite le tracé de l’actuelle départementale D857 jusqu’à la Rousselière, puis devenait un chemin rural passant par les lieux-dits les Portes, le Pont-de-Pierre. Elle servait enfin de digue sud à l’étang du Pont-de-Pierre, sous la forme d’une chaussée de 200m de longueur. Elle aboutissait au carrefour de la Croix.             

     La toponymie des mots gué et pont, précédemment cités, est intéressante en faveur du tracé de la voie vers Subdinum. Le nom de pont associé à la pierre laisse supposer un passage plus ancien : un gué puis un pont de bois, c’est à dire les piles du pont en pierre surmontées d’un tablier de planches. Au sud de la Croix, la Pialière et plus loin la Piellière peuvent évoquer une ancienne borne milliaire.        

   

le "Vieux Grand Chemin" au nord de Servon-sur-Vilaine

      Le tracé de la voie disparaît ensuite. Mais, sur la carte IGN au 1/25 000ème, son tracé semble se poursuivre par Repentre, les Quatre-Vents, 100 m au nord du Pré-Blanc, avant de disparaître à la limite du bois de la Corbière, dans la partie sud de la forêt de Chevré.

   A la sortie est de la forêt, un vieux chemin servant de limite de communes passe par la Baguetière, se confond ensuite avec la route départementale D106, pendant   300 m, s’en détache pour passer au nord du village de la Chaussée, au nom caractéristique, et se continue jusqu’à la Gavouillère et les Alleux

 

 la voie à la sortie de la forêt de la Corbière          

       Là, deux itinéraires sont possibles, soit en passant par le sud du ruisseau des Landes de Marpiré et en le suivant parallèlement, ou alors plus au nord, en direction du bourg de Marpiré. L’ancienne église de Marpiré, désaffectée, date du XIème siècle. On peut encore voir son abside semi-circulaire, place aux Moines  

       Après Marpiré, un vieux chemin traverse Maison Neuve et Rabaud, franchit ensuite le ruisseau de Corbanne, puis les lieux-dits le Chemin et le Bas Montlévrier. A 100 m au nord, remarquons le nom du lieu-dit de la Motte. 

      Un moment disparu, le chemin réapparaît près de la Chapelle-St-Armel  et se suit par les Jeuveries jusqu’au nord de la ville de Vitré, au Haut-Chalet. On le retrouve encore au nord-est de Vitré, en direction de la Croix-Rouge (un carrefour avec une maison rouge).  

       La voie pourrait pourrait ensuite avoir traversé la Vilaine pour rejoindre la rive gauche au Pont Billon, et se continuer par la Trognardière, la Fréminière, Ruillé, le Bas-Gast, les Trembles.

       Envisageons cependant une autre possibilité selon laquelle notre voie serait arrivée au centre de Vitré depuis Pocé-les-Bois. A partir de la Gavouillère, elle aurait traversé le ruisseau, aurait continué vers l’Oberie, Maison-Neuve, le Plantis, elle serait passée au sud du bourg de Pocé près de la Chapelle, au lieu-dit les Piles.               

       Remarquons la toponymie de ce nom, les Piles : les voies romaines étaient étalonnées au moyen de bornes milliaires, correspondant à nos actuelles bornes kilométriques. En Gaule, elles étaient situées toutes les lieues gauloises soit espacées de 2228,50 m. Nous en retrouvons souvent le témoignage dans des toponymies telles que les Millières, Millerie ou la Pile, la Pilade. Le long de la voie de Condate à Subdinum apparaissent la Pialière, la Piellière et les Piles.   

       La voie aurait ensuite longé la rive droite de la Vilaine et se serait continuée par la Roche et Malipasse - nous ne manquerons pas de noter ce dernier nom - et enfin l’ouest de Vitré.  

      On n’a aucune trace de son passage dans Vitré mais des prospections ont montré des habitats anciens aux lieux-dits le Vieil-Bourg, Sainte-Croix (où un premier château de bois aurait été érigé avant l'an 1000), au rachapt et à Saint-Martin. Dans le nom de Saint-Martin, nous pouvons peut-être voir une allusion à un ancien temple routier, dédié au dieu Mars, et dont le nom aurait ultérieurement été réinvesti en Martin lors de l'édification d'une chapelle chrétienne.

      On retrouve la voie deux kilomètres à l’est de la ville, là où elle coupait la voie 3-E, menant de Rieux à Jublains. Une autre voie, venant du nord par Dompierre-du-Chemin et Montautour (voie 3-A), semblerait aussi l'avoir également croisée à cet endroit.  

      Elle se continuait ensuite dans la direction de Bréal-sous-Vitré, commune très ancienne dont l’existence est attestée dès le VIIIème siècle, et dont l'actuelle église actuelle conserve des parties datant du XIème siècle. La voie pourrait être passée devant cette église.

 

église bréal/vitré 

  église de Bréal-sous-vitré (parties du XIème) 

       Pour preuve, on peut encore suivre aujourd’hui un très ancien chemin, depuis le nord-ouest d’Erbrée jusqu’au bourg de Bréal-sous-Vitré, sur une longueur de cinq kilomètres, et qui passe par les Bretonnières.

 

  

le vieux chemin de Bréal 

    Après Bréal-sous-Vitré, ce chemin réapparaît suivant la direction de Saint-Pierre-la-Cour. Il est encore visible malgré les nombreuses excavations de récentes carrières qui ont en partie effacé son tracé. Au carrefour de la Croix-Rouge, en Bréal (deux kilomètres plus au sud, et en direction de la Gravelle), se trouve une borne récente indiquant les limites de la Bretagne. Cette borne en aurait elle-même remplacé une autre plus ancienne, placée sur l'ancienne Grande Route Royale de Rennes à Paris.

       A cet endroit au nom caractéristique de Croix-Rouge, la voie croisait la voie 2-C, connue sous le nom de Chemin de Cocaigne, et conduisant vers la Gascogne.            

        Plus loin, vers l’est, la voie de Rennes au Mans se continue en direction de la ville de Laval.

NOTES SUR LA VOIE :

Cesson : gisements de tegulae et briques d'époque gallo-romaine  à la Bouëxière, la Chapelle et la Salmondière.

Acigné pourrait correspondre au centre d'un domaine agricole, une villa.

Servon : la commune est au carrefour de trois chemins anciens : voie 1-G, voie 2-F et voie 3-F.

Châteaubourg : commune également au carrefour de trois voies : voie 1-G, voie 3-B et voie 3-N .

Vitré : au carrefour de trois itinéraires anciens voie 1-G, voie 3-A et voie 3-E

Pocé :

Marpiré :

Laval :  ancien passage à gué de la rivière la Mayenne. Cette mutatio (relais routier gallo-romain) était alors connue à  cette époque sous le nom de Vicus d’Entrammes

 

Laval pont

traversée de la Mayenne à Laval. Le vieux pont du Moyen-Age a remplacé un pont gallo-romain

Le Mans : promontoire au bord de la Sarthe, la cité devient la capitale du peuple gaulois des Cenomans sous le nom de  Vindinon ou Vindunum (du gaulois vindo, blanc et de dunum, forteresse). Après les invasions barbares, son nom évoluera en Cenomannos. Preuve de son ancienne importance, on aperçoit encore une partie de la muraille gallo-romaine dans les fortifications du Moyen Age.

 

le Mans

 la muraille gallo-romaine du Mans

 

RENVOIS :   

(1) De nombreuses figurines en terre cuite, fabriquées en série, pouvant servir d'ex-votos ou pour être placées dans des sanctuaires, ont été trouvées près du pont du Vieux-Bourg. Elles étaient toutes cassées. (catalogue du musée archéologique de Bretagne, rennes.

(2) A Tatoux, on voit encore les restes d’un tumulus qui pourrait  indiquer l’assise d’anciennes fortifications.

(3) Bulletin de la société archéologique d'Ille-et-Vilaine. 

 

 

 

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