3-E VOIE DE RIEUX A ERNEE, CHEMIN DES SAULNIERS

3-E 

Autre chemin des Saulniers

ou voie de Rieux (DURETIA)

à ANDOLIACUS près d'Ernée

et à Jublains.

           

        L'historien Adolphe Ramé signalait autrefois les traces d'une voie romaine sur la route départementale D777, allant de Piré à Vitré. Il localisait ce tronçon tout près de la ferme des Grands-Champs, à 2 600 m au nord-est de Piré, et à 300 m au sud de la route, au sud-ouest de son intersection avec la route D463, de Châteaugiron à Moulins (1).  

        Une coupe en a été faite et a montré de grosses pierres de fondation posées à plat ou très inclinées avec, au-dessus, des pierres plus petites enrobées de terre (2).

        Il pourrait s'agir de la trace d'un ancien Chemin du Sel qui joignait Rieux à Jublains. Contrairement au voyage du « vrai sel » qui se faisait par les voies fluviales, par opposition le « sel des champs » parcourait les anciens chemins creux et les landes. Notre voie de contrebandiers, liée au transport du sel des champs, venait de Rieux et de Guérande. Elle aurait pu traverser la Vilaine soit à Langon, soit plus au nord, au port de Messac, avant de rejoindre Bain-de-Bretagne.

       Si nous regardons le tracé de l'actuelle D777, depuis Bain-de-Bretagne jusqu’à Vitré, nous constatons son aspect très rectiligne par le Sel-de-Bretagne, Saulnières, Janzé, Piré-sur-Seiche et Louvigné-de-Bais. Autre détail intéressant, la distance entre ces différentes communes est sensiblement la même, soit huit kilomètres, ce qui pourrait laisser penser aux anciens relais ou mutationes qui jalonnaient les voies anciennes 

 

3-E

 

      Au nord-est de Bain, la voie traverse le territoire de la commune de Pancé dont l'existence avérée remonte à 860, époque des invasions normandes. Au lieu-dit le Village-de-la-Chapelle, les vestiges d'un camp romain de 50 m de long sur 30 m de large dominent la vallée du Semnon, adossée sur son talus, la chapelle Notre-Dame. On prétend que près de là, le roi Salomon aurait eu une de ses résidences. 

 

chapelle Notre-Dame Bain

la Chapelle Notre-Dame, réemplois 

 

       La voie continue en direction du Sel-de-Bretagne. A 800 m à l'est du Sel, se trouve le village de Sevrigné qui pourrait correspondre à une occupation très ancienne. Une voie aurait pu y passer, et traverser vers l'est le ruisseau de la Rotinière au Chêne-Blanc (ou à Maupertuis) pour rejoindre les Châtelliers, situés 1 500 m plus à l'est.  A cet endroit, un chemin rural part, d'abord vers le nord, puis vers le nord-est. Il forme pendant quatre kilomètres la limite des communes, passe par les Régniers, traverse les Landes Marie, croise une autre voie à Belle-Epine, sur les Landes-de-Bellevue, et passe à Bel-Air, près du carrefour avec la D163 vers Corps-Nuds (3).

      Ce fait que la voie suive la limite des communes est une preuve de son ancienneté. En effet, les voies romaines sont antérieures aux paroisses qu'elles traversent, et ont souvent été utilisées comme frontières cadastrales.  

        Ensuite, le chemin disparaît mais on voit encore sa direction en suivant la limite des champs, par la Perrière-des-Landes, jusqu'aux Cours-Morin, jusqu'à la route D777. Ensuite, le tracé actuel de la départementale recouvre la voie sur une distance de trois kilomètres, jusqu'à Janzé, par le Pâtis-Marcel (4), la Haie-Terrée, le Haut-Pilier, le Pilier-du-Milieu et le Pilier.          

       Le site de Janzé (5) a été occupé dès le néolithique. On y voit de nombreux menhirs, puis des restes d'occupation humaine aux époques gauloise et gallo-romaine. Les traces d'un retranchement qui était destinée à protéger la voie apparaissent sur la butte du Tertre. La voie passait par la Bénardière, Néron, puis Bel-Air, et pouvait gagner la Seiche, soit au niveau du château de la Franceule (6), où elle aurait coupé la voie 3-D, soit au Choiseul, et dans ce cas elle l'aurait croisée à la Pêcherie.  

        La route actuelle coupe la D32 au bourg de Piré-sur-Seiche. Nous noterons au sud de Piré un lieu-dit le Grand-Chemin, et au nord de celui-ci un autre le Grand-Chemin.  

        Deux kilomètres plus loin, la route coupe à la fois la D37 et la D105, traverse  ensuite Bel-Air et, 1 200 m après, la D463, de Saint-Aubin-du-Pavail à Moulins, au Ballon. Encore un kilomètre, puis c'est la Grande-Boue, la Croix-Blanche, 700 m au sud de Chancé, la Chesnaie et la Cuissardière.  

       Après son intersection avec la route D116, la voie devient un chemin rural, parallèle à la route, qui, depuis la Garaudais, passe par le Pin, longe un kilomètre après, le château de la Morandière, protégé par l'ancienne butte de la Martinière, se suit par les Vallons et les Masures, et rejoint enfin Louvigné-de-Bais, 700 m plus loin. La départementale D777 passe par la Bodinière, coupe, aux Rues, la D33, de Cornillé à Etrelles (voie 3-B) et la D104, d'Etrelles à Châteaugiron (autre voie romaine, chemin saulnier, voie 3-B) (7). Elle croise, 500 m plus loin, la N157 de Rennes à Paris, au Bas-Montigné, et se sépare ensuite de la D106 au Haut-Montigné. Elle continue par la Loge et traverse le ruisseau de la Valière, près du lieu-dit le Chemin.          

        Certains archéologues pensent qu'après avoir traversé Louvigné, la voie ne prenait pas la direction de Vitré, mais qu'elle allait visiblement plus au sud, vers la Chapelle-Erbrée puis Bourgon, en Mayenne, où elle aurait franchi la Vilaine sur un pont de bois. L'oppidum de Bourgon aurait eu, dans ce cas, la fonction de surveiller l'intersection de la voie avec le Chemin de Cocaigne (voie 2-C) qui forme du nord au sud, sur cent kilomètres, la limite est de notre département.

 

NOTES SUR LA VOIE : 

    Ernée : Elle apparaît dans une charte du Mont-Saint-Michel sous le nom de territorium Ernei, au Xème siècle. On y a découvert un établissement gallo-romain au village des Boisières. 

 

RENVOIS :   

(1) Société archéologique d’Ille-et-Vilaine.

(2) Cartons de monsieur A. Ramé.

(3) deux curieux retranchements de 300 m sur 100 m, à Bel-Air, carrefour D777 et D163.

(4) On croit voir, à cet endroit, l'intersection de la voie avec un chemin qui aurait desservi une villa gallo-romaine à Brie, chemin passant par la Martinière et la Perrière. Des traces de retranchements apparaissent aux Tertres, au nord de Brie. 

(5) Janziacum au Xème siècle, découverte de cercueils en schiste et calcaire coquillier, briques et tegulae. 

(6) Le manoir de la Franceule semble avoir été édifié sur les fondations d’un ancien prieuré, au XIIème siècle, qui aurait lui-même succédé à un oppidum.

(7) Ces deux suppositions peuvent nous faire comprendre le nom du lieu-dit des Rues.

 

 

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