Les voies romaines en Ille-et-Vilaine
3-B
L'ancienne route du Maine
ou Chemin des Saulniers,
canton de Vitré.
Ce chemin traverse de l’ouest à l’est le canton de Vitré et passe à six kilomètres au sud de la ville. Il semble être une ancienne voie romaine et il doit son nom à ce qu’il était fréquenté autrefois par les contrebandiers qui transportaient frauduleusement le sel, de Bretagne où il était exempt de l’impôt sur la gabelle, vers le Maine où il était au contraire frappé de droits élevés.
Apparaissant comme chemin vicinal sur les anciennes cartes d’Etat-Major, l'ancienne Route du Maine est recouverte aujourd’hui par la route départementale D33. On peut la suivre pendant trente kilomètres, depuis le Pertre où elle entre en Ille-et-Vilaine, jusqu’à Veneffles où elle semble rejoindre la voie romaine de Rennes à Angers. Après le Pertre, le Chemin des Saulniers longe l’orée sud de la forêt du Pertre, puis traverse le parc du château de la Fauconnerie.
allée du Chateau de la Fauconnerie, la voie.
Le chemin passe au Bon-Repas et gagne le bourg d’Argentré-du-Plessis, dont la chapelle Saint-Pierre, datant en partie du XIème siècle, a pu remplacer un ancien temple gallo-romain situé en bordure de la voie.
Argentré, chapelle romane Saint-Pierre.
détail de la maçonnerie, angle en calcaire coquillier (réemploi d'éléments de sarcophage?)
Au lieu-dit la Prévalaye, il passe à 200 m au sud d’Etrelles dont la toponymie accuse une origine gallo-romaine, du latin via strata qui signifie la voie pavée (1). En 1989, des prospections aériennes faites sur Etrelles ont montré des occupations protohistoriques et romaines sur le territoire de la commune aux lieux-dits Le Bas-Pont, Thébault, le Haut-Monperron, la Matelais, la Sagerie, Neuvillaises, la Charronnière, le Cerny, la Barboterie.
On peut suivre le chemin par la Haute-Mousserie, la limite nord du Bois d’Etrelles, l’Ancienne et le Frêne. Il passe à 900 m au nord de Torcé, où il portait jadis le nom caractéristique de Chemin Chaussé (2). Le nom de Torcé, de par son suffixe cé, semble connoter la même origine gallo-romaine et venir d’un nom propre d’homme : Tauricius.
Sur le territoire de la commune de Torcé, le chemin rencontre, du côté sud, le lieu-dit la Chaussée (1 300 m au nord-ouest du bourg) puis les Rues (3) où il est recouvert par la route D104. (intersection avec le Chemin des saulniers, voie 3-E).
Il passe à 1 200 m au sud de Cornillé, longeant la lisière sud de la forêt, puis par la Gretais, la Doubrie et la Follerie, Il croise tour à tour la route D95 et la D34 à l’Epine. Il passe ensuite à la Haute-Gouinelais, la Déroterie et à un kilomètre au sud de Domagné, au carrefour avec la D99. Se continuant pendant quatre kilomètres, il passe enfin 900 m au sud d’Ossé, coupant la D93.
Les trois communes de Cornillé, Domagné et Ossé portent un patronyme d’origine gallo-romaine.
Le Chemin des Saulniers se transforme en chemin rural, 600 m plus à l’ouest, à l’endroit où la route actuelle tourne brusquement vers le sud., Se continuant toujours vers l’ouest, il rejoint la route D463, de châteaugiron à la Guerche-de-Bretagne, un kilomètre après Saint-Aubin-du-Pavail. Ensuite, son tracé n’est plus très sûr. Il est possible qu’il ait continué par l’actuelle route départementale jusqu’à Châteaugiron, en passant par le Grand-Rollier.
Châteaugiron au début du siècle, la voie à gauche longe les rails.
Un embranchement part vers le sud, en direction de Veneffles, par un chemin se dirigeant depuis l’intersection avec la D643, et ce pendant 1400 m, jusqu’au lieu-dit Bel-Air, endroit où il rejoint la D32. C’est donc, selon l’itinéraire choisi, soit à Veneffles, soit à Châteaugiron que pourrait se situer l'intersection du Chemin des Saulniers avec la voie romaine de Rennes à Angers (voie 1-H).
Il sert rarement de limite entre les communes ; il sépare cependant celles de Cornillé d’une part, et celles de Torcé et Louvigné-de-Bais, et également plus loin celles de Ossé et Veneffles de celles de Chaumeré et de Saint-Aubin-du-Pavail. Nous noterons la toponymie de ce dernier nom (4).
Le Chemin des Saulniers semble se continuer plus loin en direction de Chartres-de-Bretagne, traversant les communes de Nouvoitou et Noyal-sur-Vilaine.
Un embranchement de la voie semblerait partir vers Cornillé, au niveau de l’intersection de la voie 3-B et de la voie 3-E, prenant la direction de Saint-Didier, puis elle serait passée au sud de Châteaubourg, vers Brecé, Noyal-sur-Vilaine et Rennes.
Quelques tronçons en sont encore apparents, entre Châteaubourg et Noyal, le long de l’actuelle route nationale N157, par la Haye-Fontenoy, la Barre, la Croix-Rouge où son tracé suit la limite sud de la commune de Brecé, le Grand-Montigné, les Planches et le Haut-Chemin à l’entrée de Noyal, sous la forme d’un chemin rural.
La voie rejoignait la voie 1-G venant du Mans, à l’entrée de Rennes, en passant par Grippé, Champagné et enjambait la Vilaine sur les vieux ponts de Cesson-Sévigné.
les Vieux ponts de Cesson, sur la Vilaine.
Les deux voies entraient ensemble dans Rennes par la rue de Paris. Pour plus de détails, voir la voie 1-G, de Rennes au Mans.
La route de Cesson à Rennes recouvre la voie.
NOTES SUR LA VOIE.
Un premier château fut édifié à Châteaugiron, au XIème siècle, sur les ordres du duc Alain III, sans doute pour protéger l’accès à la Bretagne, à l'endroit précis qui correspondait au nœud routier de trois anciennes voies romaines à savoir celles de Rennes à Angers (voie 1-H), de Rieux à Avranches (voie 3-F), et le Chemin des Saulniers (voie 3-B). Le château médiéval pourrait ainsi avoir remplacé un fort primitif lui-même destiné à protéger les voies.
Le Moyen-Age s’est contenté d’utiliser l'ancienne route sans en créer de nouvelle. L’importance du château construit en cet endroit et le siège qu'il eut à soutenir pendant les guerres de la Ligue, tout cela porte à croire à l’antiquité de notre chemin.
RENVOIS :
(1) Notes sur l'histoire de Fougères - Le Bouteiller
L'église d'Etrelles - Abbé Jallobert
(2) Le département d’Ille-et-Vilaine – Paul Banéat.
(3) en bas latin, rue signifie chemin.
(4) St Aubin du Pavail (église IXème siècle) Vestiges gallo-romains au Gacel, à Tebry, Trayée, Aubriais.
.