Les voies romaines en Ille-et-Vilaine
2 -P
Voie de Guérande (Grannona)
et de Saint-Nazaire (Brivas)
vers Corseul et Dinard
Une voie aurait pu rejoindre la capitale des Coriosolites mais son tracé, en tous cas dans sa partie sud, était très proche de celle de Saint-Nazaire à Alet. Alors, est-ce la même qui se serait séparée en deux tronçons, ou deux voies distinctes ?
Pour ma part, j'envisagerai deux voies différentes qui, venant de l'estuaire de la Loire par le même axe, se seraient séparées au sud de Plélan-le-Grand en forêt de Paimpont.
La première, passant à l'ouest de Plélan par le Gué-de-Plélan et la Butte-Salomon, aurait continué par Boisgervilly, Montauban et Médréac et Lehon, avant de rejoindre Corseul ou Dinard.
La seconde aurait pris à l'est de Plélan, suivant sensiblement le tracé de la route actuelle D61 vers Montfort, et serait passée par Saint-Péran, Iffendic, Bécherel et Saint-Pierre-de-Plesguen pour rejoindre Alet et Cancale par la rive droite de l'estuaire de Rance. C'est là l'objet de la voie suivante, voie 2-R.
Mais revenons à la première voie. Au sud-ouest de Plélan-le-Grand, à 1 500 m du bourg, se trouve le lieu-dit la Vieille Ville, puis encore un kilomètre à l’est de Plélan, la Rue. En ces deux endroits, une vieille chapelle en bordure de voie pourrait avoir succédé à un monument encore plus ancien, peut-être un temple gallo-romain.
Plélan, chapelle privée de la Ville-Neuve, datée 1616
Plélan, chapelle privée de la Rue
La voie arrivait ensuite dans Plélan en longeant par l'ouest le supermarché, puis empruntait le Chemin de la Grenouillère, et traversait la grande rue du bourg pour prendre la direction de Paimpont. Ensuite, en direction du nord, nous la suivons par le Bodo, la Lande du Gué et le Gué de Plélan.
Le gué de Plélan au début du siècle.
Au centre, vieille chapelle Saint-Marc.
Le village du Gué de Plélan semble être à l’origine de l'ancienne paroisse de Plebs Lan, nous traduirons par la "paroisse du monastère", le bourg primitif de Plélan et la butte Salomon correspond à une tour de guet qui protégeait la voie (ce village est également encore connu de nos jours sous le nom de Vieux-Bourg). La chapelle Saint-Marc-Saint-Julien, objet de nombreux remaniements, aurait elle aussi succédé à un monument plus ancien.
L'ancienne chapelle Saint-Marc Saint-Julien, déclassée en habitation, gué de Plélan
Toujours direction nord, les lieux-dits le Pont Breton, les Rues Maudet, les Rues du Bois, peuvent marquer le passage de la voie que l’on pourrait ensuite retrouver dans la traversée nord-sud de la forêt, au lieu-dit le Temple Hélouin. Ensuite, quelques kilomètres sont incertains, sans doute dus à un changement de direction vers l’ouest ou à l’embranchement de deux voies, puis c’est la traversée de la rivière.
motte du Châtel - Saint-Gonlay
Après remembrement, tracé supposé de la voie près des buttes du Châtel (Saint-Gonlay)
Le chemin se continue vers le nord par la Pierre, les Maisons Neuves et le Châtel. Nous noterons le Tertre dans les environs et, un peu plus loin, au nord de Saint-Gonlay, le Pont Jean et le Gué Martin dont le nom pourrait évoquer une ancienne construction dédiée au dieu Mars. La voie se continue par la Butte des Brenoux, le Gacel, la Ville Gravel, et enfin les Portes et la Ruée.
Certains archéologues ont cru la reconnaître également, 500 m à l’ouest de ce parcours, dans un chemin long de trois kilomètres, depuis la Vallée jusqu’à la Ville Théaudin. Le chemin disparaît un moment puis reprend un kilomètre au nord à la Ville Huré. La direction de la voie semble ensuite indiquer les bourgs de Saint-Malon-sur-Mel, Saint-Maugan, Boisgervilly et Montauban. A Montauban, la chapelle Saint-Maurice a remplacé l’ancienne chapelle de Tréguenot. Des travaux d’assainissement ont mis à jour des fragments de tegulae et de briques romaines.
Un peu plus au nord, au sud du bourg de Saint-M’Hervon, les lieux-dits la Rue Chèvre, les Portes, le Pont-Raoul et les Marches balisent son passage jusqu’au bourg de Médréac. L’ancienne chapelle des Forges, à Saint-M’Hervon correspondrait à la paroisse primitive du XIème siècle.
La commune de Médréac est citée dès 835 dans le cartulaire de Redon sous le nom de Modoriacum.
Au nord de Médréac, la voie disparaît. Elle aurait pu obliquer vers l’ouest afin d’éviter les vallées humides de la Rance formées par ses affluents nombreux en cet endroit : la rivière du Néal et l’actuel étang de Rophémel.
Quelques autres pistes sont possibles. Un embranchement de la voie aurait bifurqué en direction de Bécherel, pour rejoindre la voie de Guérande à Alet (voie 2-R). Elle serait alors passée entre la vallée de la Rance et celle de l’étang de la Boulaie, par Saint-Maur, la Basse-Chapelle, la Vieuville, puis, plus haut la Pierre et le Tertre. On peut également envisager une autre possibilité par la Ville-Neuve et le Pas de Bœuf, en suivant un vieux chemin orienté sud-nord, sur une longueur de quatre kilomètres environ. La direction générale de la voie indique Médréac puis Saint-Juvat, dans les Côtes-d’Armor, et enfin Lehon.
Différentes toponymies sur la voie,dans le département voisin des Côtes-d’Armor, nous le confirment. Ainsi nous avons au nord de Quédillac et au sud de Saint-Jouan-de-l'Isle, la Ville-ès-Rieux, à l'ouest de Quédillac, le Temple et trois kilomètres plus au nord, la Ville-ès-Ferré.
NOTES SUR LA VOIE :
Sur le territoire de la commune de Plélan, de vieilles croix de chemin pourraient avoir eu la fonction de bornes milliaires, pendant le Moyen-Age. Ou en tous cas, elles auraient pu marquer l'intersection de chemins antiques.
croix de la Vieille-Ville (sud de Plélan)
Croix de Trécouët
Croix des Champs-Blancs.
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