Les voies romaines en Ille-et-Vilaine
3-N
Chemin nord-sud,
Voie de Châteaubourg
à Marcillé-Robert.
Cet ancien chemin aurait pu descendre, du nord au sud, passant par les communes de Châteaubourg, Domagné, Chancé, Moulins et Marcillé-Robert.
Toutes les paroisses qui viennent d'être citées ont une existence attestée très ancienne, depuis les XIème et XIIème siècle. Ainsi, l'étymologie de Châteaubourg remonte à une bourgade regroupée autour d'un premier château, peut-être à l'intersection de deux voies romaines (dont celle le Mans à Rennes, voie 1-G).
Domagné vient de Dominius et de acum, altéré plus tard en gné. On y a découvert des cercueils en calcaire coquillier (1), et son ancienne chapelle-Saint-André, aujourd'hui disparue, aurait pu remonter à l'époque romaine.
Plus au sud, à Chancé, de Cantius et acum, ont été mises à jour des substructions des époques gauloise et gallo-romaine, à la Violetterie, à la Landelle, la Grande-Boue et la Sablonnière.
Au sud du bourg de Chancé, la voie coupe la voie 3-E, de Rieux à Ernée, puis elle se continue en direction du sud jusqu'à Moulins dont la nef de l'église date du XIIème siècle.
Un kilomètre après Moulins, elle croise alors la voie 1-H, de Rennes à Angers, et se continue vers le bourg de Marcillé-Robert.
La toponymie de cette dernière commune évoque un nom gallo-romain, Marcilius, auquel est joint le prénom Robert, comte de Vitré. Sur le territoire de cette commune, on a repéré de nombreux sites à tegulae et céramique datant de la période romaine, ainsi que les fondations d'une villa à la Granjottière. La paroisse est citée dès le XIème siècle, et les restes d'un premier château féodal datent de cette époque. On pense que la commune primitive se trouvait au village du Vieux-Bourg où l'on voit encore le prieuré et l'église. La chaussée du pont de l'étang, au confluent de la rivière la Seiche et du ruisseau d'Ardenne fut restaurée en 1108 par Robert de Marcillé. Elle comprenait alors trois arches reposant sur des piliers carrés, et était enjambée par un pont de bois soutenu par deux piliers à éperons. C'est sans doute sur ce pont que passait la voie romaine. La forme du bourg, en village rue laisse penser qu'un autre chemin l'aurait également traversé, en direction de Visseiche.
Après avoir enjambé le pont du Rachapt, au bourg de Marcillé, la voie peut se suivre vers le sud, traversant Retiers, et se continuant sous la forme d'un chemin rural de 2 000 m, depuis les Ruettes jusqu'au Champ-d'à-Bas, et 800 m plus au sud, à la Rivière. Elle traversait le ruisseau de Martigné par un gué, puis continuait un kilomètre encore par la Palfauchère et la Romerie. Après la Petite-Galaudière, elle franchissait le Semnon à gué, au lieu-dit le Gué. Elle passait par la Primaudière, 1 500 m au sud, et traversait ensuite le ruisseau de Guéra, au lieu-dit la Rivière-Guéra (2).
Depuis le Haut-Penchat, on peut encore suivre son tracé pendant plus de sept kilomètres jusqu'à sa sortie du département, prenant la direction de Châteaubriant.
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Dans la direction inverse, vers le nord, la direction générale de la voie semble indiquer la Bouëxière, Gosné, Vieux-Vy-sur-Couësnon, puis Antrain et Pontorson. Outre des vestiges gallo-romains, quelques toponymes caractéristiques pourraient baliser le chemin.
église de Vieux-Vy, parties anciennes du XIème siècle
Vieux-Vy-sur-Couësnon (3), paroisse très ancienne, pourrait avoir correspondu à un vicus pont au carrefour de plusieurs voies. Un kilomètre au sud, l'ancien oppidum d'Orange se dresse sur un éperon au confluent du Couësnon et de l'Aleron, protégeant le carrefour des voies.
orange, butte fortifiée
Tout près de là, à l'est de Vieux-Vy, deux lieux-dits successifs portent le nom de Pavée, le premier sur la Lande de Pavée, le second 500 m plus au nord. La direction montrerait un franchissement du Couësnon près du Moulin de Boismine. Depuis cet endroit, un chemin rural se suit vers le nord pendant huit kilomètres, passant près du Moulinet.
Dans ce vieux village que l'on a associé à un retranchement gaulois (4), de nombreuses meules à grain en granit ont été exhumées par les riverains, attestant la présence d'anciens ateliers gallo-romains.
Le Moulinet, anciennes meules romaines mises en décoration
Partout dans les murs, d'anciennes meules en réemploi
Cent mètres à l'ouest du Moulinet, notons le toponyme du Haut-Chemin.
Plus au nord, la voie aurait longé le Châtel, sur son tertre protecteur dit des Buttes du Châtel, et enfin serait arrivée au centre de Tremblay où elle aurait pu fusionner avec la voie de Rennes à Avranches (voie 1-E).
RENVOIS :
(1) Les tombeaux et les monuments funéraires se trouvaient souvent au bord des routes afin que les voyageurs puissent s'y recueillir.
(2) Les lieux situés au franchissement d'une rivière portaient souvent le nom de la rivière, ou alors ils s'appelaient tout simplement la Rivière, le Gué, la Planche, le Pont, selon le moyen prévu pour la traversée. Ces différents toponymies sont souvent la preuve d'un passage ancien.
(3) Vieux-Vy, du latin vetus vicus, vieux village, pourrait correspondre à un un ancien vicus établi à l'intersection de plusieurs voies notamment celles de Rennes à Avranches (voie 1-E) et le Chemin Chasles (voie 2-G). Son église qui aurait succédé à un monument plus ancien contient encore des parties du XIème siècle. Dans les environs , plusieurs traversées du Couësnon sont envisagées.
(4) Paul Banéat - Le département d'Ille-et-Vilaine.
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