LA VILLE DE RENNES A L'EPOQUE GALLO-ROMAINE

                                           CONDATE 

 

          Important carrefour de voies, centre de commerce entre les deux mers, la cité des Riedones, qui doit son nom gaulois de Condate à sa situation au confluent de l’Ille et de la Vilaine, va devenir à l’époque romaine Condatomagus ou Civitas Riedonum, un oppidum fortifié entouré de villas agricoles, et s’étendant depuis la place du maréchal Foch, anciennement place de Bretagne, jusqu’à l’Hôtel de Ville, et de la place des Lices jusqu’à la Vilaine actuelle.

 

fragment de la muraille de briques, place de Bretagne

          A cette époque, le fleuve coulait plus au sud, le long du boulevard de la Liberté. La muraille de briques rouges, édifiée au IIIème siècle de notre ère, partait de l’actuelle Porte Mordelaise, longeait par le sud la place des Lices jusqu’à la rue Rallier du Baty, passait entre les rues de Toulouse et Lafayette, gagnait les maisons à l’est de la rue Châteaurenault, puis l’aile nord de l’Hôtel de Ville, et suivait la rue de l’Horloge et la rue de Rohan. Au milieu de cette dernière, elle obliquait vers l’ouest et gagnait le quai Duguay-Trouin à l’est de l’escalier de la rue du Cartage. Elle passait sous cet escalier, et sous les maisons du quai dont certaines caves conservent la trace. Elle coupait obliquement la place du Maréchal Foch, du sud-est au nord-ouest, derrière la Croix de la Mission, et bordait les cours des maisons est de la rue Nantaise, pour rejoindre la Porte Mordelaise.  Cette muraille primitive a valu à Rennes le nom de Ville Rouge.

          Celle-ci gardera les mêmes limites jusqu’au XVème siècle, date du premier agrandissement de la ville.

  

 Les Portes Mordelaises du XVème siècle, à l'emplacement de l'ancienne entrée romaine.     

          On voit encore quelques vestiges de ces premières fortifications, et, régulièrement, lors de travaux, on en exhume des fondations. Condate était percée de quatre portes : la Porta Morzella (ou porte Mordelaise),dont la porte du XVème siècle existe encore, la Porte Chastelière ou Porte du Châtelet, qui était devant le numéro 7 de la rue Rallier du Baty, la Porta Baudrea (Porte Baudrière ou Baudrairie),au sud-est de la rue Beaumanoir, et la Porta Avia (Porte Aviaire), au sud de la rue Le Bouteiller. On a retrouvé dans les pierres de construction de la muraille des inscriptions gallo-romaines, aujourd’hui visibles au Musée Archéologique de Bretagne (1). 

 Lors de fouilles préventives dirigées par Dominique Pouille (INRAP), en juillet 2007, rue de Juillet, près des Portes Mordelaises, une partie de la muraille a été mise à jour : des briques et moellons réguliers de schiste, grès, calcaire, sur une vingtaine de mètes de long, 3,60 m de large (et deux morceaux de colonnes). A cet endroit, la muraille pouvait atteindre une hauter de 10 m à 20 m.

             La ville possédait probablement trois grandes rues : la première allait de la Porte Mordelaise à la Porte Baudrière, en passant par les rues actuelles du Griffon, du Chapitre, la place du Calvaire et la rue Beaumanoir. Des fouilles menées rue du Chapitre ont mis à jour les tuyaux d’une ancienne conduite d’eau (2). La seconde rue reliait la Porte Aivière à la Porte Mordelaise, par les rues Le Bouteiller et des Lauriers. La troisième réunissait la même porte à la Porte Chastelière. La rue des Dames devait aussi exister dès cette époque, car d’autres travaux ont exhumé les débris d'un mur gallo-romain ainsi que quelques tuyaux d'une conduite d'eau (3). 

la muraille médiévale se superpose à la muraille antique

 

             Rennes fut une des rares cités à s'étendre hors de ses remparts : depuis l'emplacement de l'actuel canal Saint-Martin jusqu'aux quais et de la rue de Dinan à la colline Saint-Melaine. Des faubourgs et des villae s’étendaient hors de la ville en suivant la direction des voies, et de nombreux vestiges ont été retrouvés lors des travaux d’urbanisme et de voirie. Des fouilles récentes sur le site Ambroise Paré, achevées en 2000, ont mis à jour des domus, ateliers d'artisanat et boutiques de commerce. Plus récemment, entre 2003 et 2004, le site de la Visitation a montré une occupation du Ier au IVème siècle de notre ère.

 

            De la cité romaine de Condate devaient sortir quatre voies correspondant aux quatre portes, et qui étaient orientées dans les directions nord, sud, est et ouest.

 

            C’est seulement plus loin qu’elles se ramifiaient afin de suivre leurs destinations respectives (4).

 

 

fouilles place Hoche - Rennes  chantier de fouilles, place Hoche, Rennes

 

  

 RENVOIS :

 

(1) Dix-huit bornes milliaires furent retrouvées dans les remparts construits par les Romains, en réemploi, afin de se protéger, cela  au détriment des monuments antérieurs.

Les Milliaires de Rennes – M. Descombes.Catalogue du musée de Bretagne.

(2) (3) Société archéologique d’Ille-et-Vilaine.

(4) Le département d’Ille-et-Vilaine – Paul Banéat.

 

 

Légende du plan ci-dessous (extrait du Rennais n°381, février 2007): 

limites de la cité gallo-romaine du Bas-Empire édifiée à la fin du IIIème siècle, de 280 à 310

 

 

 

1 - En 1840, lors du percement de la rue de Juillet, on éventre une partie de la muraille : découverte de fûts de colonnes, d'un autel de granit et d'un fragment de mosaïque. 
2 - dalle des lices (le Pub) trois socles de statues du IIème siècle portant des inscriptions.
3 - Au 9 rue Rallier-du-Baty,grand Bazar parisien, une poterne murée, 10 bornes milliaires enfouies dans l'épaisseur du mur : l'endroit de la poterne est encore visible.
4 - destruction du beffroi en 1720 (incendie) .
5 - Entrée principale de la ville antique, rue de l'horloge, entre le n° et le n°9
6 - angle quai Duguay-Trouin et rue de Rohan, mise à jour d'une tour en 1840. Les Galeries Lafayette sont construites sur le tracé exact du mur.
7 - Construction des cinémas gaumont en 1968, une grande partie de la muraille est détruite
8 - Banque de Bretagne sur les quais en 1958, relevé archéologique (Pierre Merlat)

9 - Entrée rue de la Monnaie, en 1999, découvertes de traces de la muraille délabrées. Tour Duchesne, la muraille gallo-romaine est réhabilitée au Moyen-Age, elle continuait soue le mess officiers rue de la Monnaie.
 

10 - Au 16 rue Nantaise, dans la courette, des écrits du XIXème signalent des éléments de muraille sur une hauteur de deux à trois mètres.

11 -  Portes Mordelaises, les fondations de la tour sud pourraient être gallo-romaines.

2007 : fouilles Couvent des Jacobins, des habitations et commerces bordent une voie romaine de 8 m de largeur.

 

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