Les voies romaines en Ille-et-Vilaine
1-L
Voie de Rennes à Vannes (DARIORIGUM)
Cette voie bien que certaine n’est signalée ni dans l’Itinéraire d’Antonin ni dans la Table de Peutinger.
De Rennes, elle aurait d'abord utilisé le même chemin que la voie de Rennes à Rieux (voie 1-K) : elle aurait pu partir de l’extrémité de la rue de Nantes et gagner ensuite la route de Redon qu’elle aurait suivie jusqu’à Pont-Réan, laissant à l'ouest les zones inondables des bassins de la Vilaine et de Meu.
Les traces dans Rennes ont totalement disparu, mais sur les anciens cadastres, nous voyons que la voie suivait l’ancienne voie de Rennes à Nantes jusqu’à la Croix-Robert, sur la route de Nantes, puis l’ancien chemin dit de la Pilade. Elle aboutissait à la Ville-en-Pierre, au début de la route de Redon, près du magasin Castorama. Elle prenait ensuite la direction du Pont-Réan, dépendant à la fois des communes de Bruz et de Guichen, à treize kilomètres au sud-ouest de Rennes (1). La voie suivait l’ancienne route de Vannes, 700 m au sud du Pont-Réan.
A partir de cet endroit, son tracé est confirmé par Alain Provost et André Corre du CERAPAR qui, en 2013, l'ont suivie jusqu'aux limites du département.
La voie romaine de Rennes à Vannes se séparait de celle de Rennes à Rieux, retrouvant alors une direction logique vers le sud-ouest. Après avoir suivi pendant quelques centaines de mètres le tracé de l'actuelle D577, elle quittait la route par la droite, après la chapelle de la Massaye, au niveau du lieu-dit le Verger, se continuait vers le sud-ouest en traversant le petit bois de la Massaye puis sous la forme d'un chemin rural, elle passait à l'ouest de la Perrais, rejoignait Frilouse (croisant à cet endroit la D239) et la Drouais.
la voie entre la Massaye et Frilouse
la voie, de Pont-Réan à la Croix-Pigeard
Son tracé est visible sur le territoire de Guichen sous la forme d'un chemin communal orienté ouest qui traverse le ruisseau de Trehelu et rejoint la Rablais, entaillée à cet endroit par la D177 à quatre voies, de Rennes à Redon, avant de couper la D38 de Guichen à Lassy. On suit sa trace de l'autre côté de la départementale. Par le Plessis et la Mare, elle rejoint la D776 qui reprend ensuite son tracé, au sud de la Chevalaye en Lassy. Pendant 500 m, elle est limite de communes.
Depuis Croix Pigeard jusqu'à la Ragotière (2), la D776 suit la ligne des hauteurs bordant la vallée du Canut, rivière que l'ancienne voie traversait à gué à l'ouest de la Chutelais. Plus au sud-ouest, son tracé quitte la route actuelle pendant 1500 m au niveau du carrefour les Trois Routes. Deux traversées des ruisseaux de la Mollière puis des Rouvières, commune de Guignen, et elle retrouve la D776 avant le Verger.
la voie, de la Croix-Pigeard au Verger
la voie au Verger
C'est à nouveau la D776 qui se continue depuis Bel Air, coupe dans sa diagonale le Bois de la Chapelle au nord du bourg de la Chapelle-Bouëxic (4), avant de traverser l'agglomération par l'ouest.
Au sud-ouest de la Chapelle-Bouëxic, elle passe par le Plat d'Or, le Pont es Frères où elle traversait autrefois la Combs à gué, puis les lieux-dits Malestroit, les Rivières, la Pointe, la Menais, les Trois Croix et les Rochelles. Entre ces deux derniers villages, la route devient limite des communes de Maure et de Mernel pendant 1500 m. De la Vieuxville jusqu'aux Rochelles, nous ne sommes plus sur la D776 mais sur un petit chemin davantage orienté sud, qui disparaît du côté de Tellian.
la voie, du Verger aux Rochelles
Le parcours de la voie est balisé par plusieurs vieilles croix de pierre qui pouvaient marquer des intersections avec d'autres chemins anciens.
les croix du village des Trois Croix
Après les Rochelles, on peut suivre le tracé de la voie de Rennes à Vannes par endroits, comme limite de champs ou de plusieurs bosquets, jusqu'à Maure-de-Bretagne (5) : ainsi, elle longe par l'ouest le petit bois de la Picaudais puis rejoint Bel Air et Saint Maure. C'est là qu'elle croise la voie d'Angers à Carhaix (voie 2-i) qu'elle emprunte un moment vers l'ouest jusqu'à la Gilardais.
la voie au nord de Maure (Bel Air)
Elle traverse par un gué le ruisseau de la Gilardais, 2 km à l'ouest de Maure. Elle coupe ensuite la D48 un kilomètre au sud-ouest, et recouvre le tracé de la D248 jusqu'à la Barriais.
la voie, des Rochelles à la Barriais
Elle forme la limite communale entre Les Brûlais et Maure pendant 2 km, puis se continue pendant encore trois kilomètres jusqu'à la sortie du département : elle coupe la D59 à la Barriais, puis la D51, de Comblessac à Saint-Seglin. Quittant ensuite la D248 par son côté gauche, elle rejoint la chapelle de la Roncerais en Tréméleuc. On constate que sa direction épouse bien celle du parcellaire voisin sur les landes de Léron.
Elle rejoint ensuite la D248 à la Torlais, cinq kilomètres plus au sud-ouest. Un kilomètre plus loin, elle aboutit au Moulin de Marsac où elle traverse la rivière Aff. Le camp romain du Mur (6), dans la forêt de Comblessac, protégeait l'Aff et l'intersection de notre voie avec celle de Rennes à Rieux (voie 1-K).
A cet endroit, nous quittons l'Ille-et-Vilaine, la direction générale de la voie conduisant à l'ancienne capitale des Vénètes indique Carentoir, dans le département du Morbihan (7).
moulin de Marsac, en arrière plan, le camp romain du Mûr
le camp romain du Mûr
Vannes : Darioritum, capitale du peuple Vénète, devint la Civitas Venetum romaine.
fouilles de Vannes, Christophe le Pennec
le rempart gallo-romain de Vannes
RENVOIS :
(1) Le pont de Pont Réan date de 1767. Il remplace un pont plus ancien en pierre et en bois. Des monnaies romaines y ont été découvertes.
(2) Notons le toponyme voisin de la Pilais qui pourrait évoquer une borne milliaire, ainsi que les Buttes, possible lieu de défense le long de la voie.
(3) Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes -A. Toulmouche.
(4) La Chapelle-Bouëxic : repérage de deux sites gallo-romains, faisant visiblement partie d'un même ensemble agricole, à Trébéheuc
(5) Maure-de-Bretagne noeud routier cité dès le IXème siècle sous le nom de paroisse d'Anast : en plus des voies 1-L de Rennes à Vannes et d'Angers à carhaix (2-i), une troisième voie allait vers Corseul (voie 3-H).
(6) le camp du Mur, enceinte fortifiée qui est généralement considérée comme un camp romain.Ce castellum pourrait marquer l’intersection de la voie avec celle de Nantes à Corseul (voie 2-J).
(7) Pour la suite du tracé, on peut se référer aux travaux de Louis Marsille : les voies romaines du Morbihan.
CONSTRUCTIONS LE LONG DE LA VOIE AU NIVEAU D'INTERSECTIONS ANTIQUES
la voie est fléchée en rouge, les substructions en bleu
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