Les voies romaines en Ille-et-Vilaine
Ille-et-Vilaine, pays des Riedones ?
ou pays des coriosolites ?
les peuples d'Armorique
La civitas gallo-romaine fut en grande partie calquée sur les limites des anciennes cités gauloises. Elle correspondait à la zone d'expension d'un peuple. Autour de sa capitale, elle était divisée en pagi que l'on pourrait aujourd'hui comparer à nos cantons. Ces pays se reconnaissaient à leur forte identité ethnique fédérée autour d'une petite bourgade commerçante, le vicus. Le reste de l'habitat était essentiellement rural : souvent de grandes propriétés ou villae entourées de fermes dépendantes. C'est ce qui donnera plus tard les paroisses.
Ainsi, l'Armorique se partageait en cinq grandes civitates, les Osismes qui occupaient l'actuel Finistère agrandi de l'ouest des Côtes-d'Armor et du Morbihan, les Vénètes qui peuplaient le Morbihan, les Namnètes en Loire-Atlantique, et enfin les Coriosolites et les Riedones dont l'implantation concerne notre département.
Les limites de ces deux peuples étaient nettement marquées par des frontières naturelles, souvent rivières, mais aussi marécages ou lignes de hauteurs.
Le nord-ouest d'e l'Ille-et-Vilaine, à savoir les régions de Dinard, saint-Malo, Cancale et Saint-Pierre de Plesguen, formaient la partie est de la cité Coriosolite. Alet (saint-Servan) en fut d'ailleurs un certain temps la capitale. Les rivières du Linon et de Biez-Jean en assuraient les frontières. Plus au sud, la Rance délimitait la civitas, mettant Evran et Caulnes en pays Riedone.
A l'ouest, la séparation était matérialisée par le Garun, le Meu et la Vilaine. Ainsi les territoires correspondant à Saint-Méen, Plélan-le-Grand, Maure, Pipriac, Guichen et Redon étaient Coriosolites, et les sites de Montauban, Montfort, Mordelles, Pont-Réan, Pléchâtel, Guipry et Langon formaient la limite des deux cités.
A l'est du département, le découpage était sensiblement le même que de nos jours. Au nord-est, s'ajoutaient peut-être les régions de Pontorson et de Saint-Hilaire du Harcouët. La frontière était ensuite délimitée par la voie dite le chemin de Cocaigne (voie 2-C), orienté nord sud, depuis Louvigné-du-Désert jusqu'à Argentré-du-Plessis (et qui forme encore aujourd'hui la limite avec le département de la Mayenne).
Enfin le Semnon dessinait la frontière sud du pays Riedone jusqu'à son confluent avec la Vilaine, au niveau de Pléchâtel, mettant en territoire Namnète Bain-de-Bretagne et le Grand-Fougeray.
Ce qui nous fait une cité beaucoup plus petite que notre département actuel. Cependant, pour une meilleure facilité de lecture, l'ensemble de l'Ille-et-Vilaine sera étudié sur ce site.
Il nous faudra donc l'appeler : Ille-et-Vilaine, deux peuples, les Riedones et les Coriosolites.
limites de la cité des Riedones au IIème siècle.
Vers le IIIème siècle de notre ère, Alet reprenant sa suprématie sur le peuple Coriosolite, la frontière nord-ouest se déplacera à l'est du marais de Dol, sans doute jusqu'au Couesnon, réduisant encore le territoire Riedone.
Toutes ces cités gauloises communiquaient entre elles, bien avant la domination romaine, par un réseau assez dense de chemins commerciaux, et souvent de bonne facture. Ce réseau sera réutilisé, quelquefois même aménagé ou augmenté de nouvelles voies, tant à l'époque romaine qu'au Moyen Age. Certaines des routes dont il sera question dans les pages suivantes ne sont pas vraiment des voies romaines au sens strict où leur type de construction le sous-entend, mais également les voies qu'utilisèrent les hommes de cette époque.
L'étude qui va suivre aurait alors pu s'appeler "les voies anciennes en Ille-et-Vilaine", mais comment ne pas considérer comme un peu romains ces nombreux axes qui furent utilisés au long de la longue période que marqua Rome dans l'histoire de notre région.
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