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Les voies - introduction

 Déclarer que telle voie suit, à vol d'oiseau  telle direction,  cela est bien, si l’on en est sûr ; mais il eût encore été mieux de démontrer d’une manière plus intime, si je peux employer ce mot, par où la route passait précisément et quels étaient tous les points touchés par elle. Il est de la plus grande importance que les voies à étudier soient suivies pas à pas, comme le voulait de Caylus, relevées de kilomètre en kilomètre, quand l’état des lieux le permet, ou indiquées par des monuments que l’époque romaine et, plus tard, le moyen-âge ont du construire à leur proximité.        Gaultier du Mottay - 1869

     

   Si diverses publications ont été faites sur les parcours des voies qui traversaient notre département à l’époque romaine, aucune étude d’ensemble n’en a jamais été réalisée. C'est là le but de cet inventaire.  

   Sans avoir la prétention d’apporter des idées nouvelles sur la question, il se limite à répertorier les diverses parutions d’historiens ou d’érudits locaux, qui ont pu en étudier les tracés. Conçu à la manière d’un indicateur routier, il permettra à tous ceux qui le souhaitent d’accéder rapidement à l'ensemble des données et de retrouver les anciens chemins avec les constructions caractéristiques qui ont pu s'y associer.

   La recherche d'indices devient plus difficile chaque jour, du fait de l’extension accélérée des villes et de l’urbanisation des campagnes. Les travaux de l’agriculture et les remembrements, l’empierrement ou le bitumage des chemins d’accès aux exploitations, la création des routes modernes, recouvrent les anciens tracés. Les nouvelles zones d’activités à la périphérie des agglomérations, les lotissements, toujours plus nombreux, ont définitivement effacé la plus grande partie des preuves. Seules les régions boisées ont fossilisé une partie des traces du passé. Mais celles-ci sont également en grand danger de disparaître du fait des dessouchages mécaniques, des coupes rases et des passages d'engins.

   Les documents anciens à notre disposition sont rares et peu précis. Nous n’avons pour nous guider, outre les quelques kilomètres de chemins en mauvais état qui ont échappé à la destruction, que deux textes connus le premier sous le nom de Table Théodosienne (de Théodose) ou Table de Peutinger, et le second est l’Itinéraire d’Antonin

   La Table de Peutinger est une carte géographique qui remonterait au règne de l’empereur Auguste. Elle contient avec des mauvaises indications des distances, et sans aucune orientation, le tracé des grandes routes de l’Empire Romain, depuis les pointes de l'Armorique et de l'Espagne jusqu'à la Chine. Le seul exemplaire que l’on en possède est une copie de copie datant du XIIIème siècle et il n’est pas sûr qu’elle soit une bonne reproduction par rapport à l’original. Cette carte mesurant 6 mètres de long sur 30 cm de largeur a été nommée Table Théodosienne parce qu’elle fut achevée sous le règne de l’empereur Théodose (fin du IVème siècle), et Table de Peutinger pour avoir appartenu, au XVIème siècle, à l’humaniste allemand Conrad Peutinger qui la fit publier. L'Itinéraire d'Antonin, quant à lui, pourrait dater du début de notre ère, mais il a été régulièrement surchargé de rajouts jusque vers le IVème siècle.

  Sur la Table de Peutinger figurent trois des voies qui traversaient notre région, ce qui rend leur existence certaine :

1. La voie de Condate (Rennes) à Fanum Martis (Corseul) et à Reginca (Erquy ?).

2. La voie de Condate à Legedia (Avranches), à Cosedia (Coutances) et à Coriovallum (Cherbourg).

3. La voie de Condate à Sipia (sans doute Visseiche), à Combaristum (voir Combrée, ou peut-être Châtelet) et à Juliomagus (Angers).               

           

     L’Itinéraire d’Antonin, de son côté, n’en cite qu’une : 

1. La voie de Condate à Ad Fines (peut-être Feins en Ille-et-Vilaine, à Fanum Martis (Corseul), à Cosedia et à Alauna (Alleaume, près de Valognes).  

     Les cités de Condate, Fanum Martis et Cosedia sont citées deux fois mais, première difficulté rencontrée, les distances ne concordent pas d’un document à l’autre : Fanum Martis (le temple de Mars) apparaît sur les deux plans, mais celui de l’Itinéraire d’Antonin semble différent de celui de la Table de Peutinger : sur la Table, il est en effet indiqué à 25 lieues gauloises, soit 56 kilomètres de Rennes et, dans l’Itinéraire d’Antonin, il est à 35 lieues ou 79 kilomètres.

Voici l'extrait de la Table de Peutinger sur lequel figurent les voies passant en Ille-et-Vilaine. 

   

table.jpg

extrait de la Table de Peutinger, ci-dessus et traduction en dessous. 

table-traduction.jpg

 

itineraire.jpg

itinéraire d'Antonin, extrait

 

     

  Et voici maintenant l'extrait de l'Itinéraire d'Antonin qui concerne lui aussi notre département :

Iter ab Alaunio

CondateLXXXVII millia

Cosedia XX millia

Fano Martis XXXII millia

Ad Fines XVII millia

Condate XVIII millia

 

 Ces deux témoignages écrits permettent d’affirmer l’existence de trois voies qui partaient de Rennes : 

- la voie de Rennes à Corseul (Fanum Martis) et à Erquy (Reginca ?),

- la voie de Rennes à Avranches (Legedia) et à Cherbourg (Coriovallum),

- la voie de Rennes à Angers (Juliomagus).

Bien évidemment, il existait d’autres voies, chacune des cités armoricaines communiquant avec l'ensemble de ses voisines. On pourra donc aussi considérer comme certaines :    

- La voie de Rennes à Saint-Servan (Alet)  

- La voie de Rennes à Bayeux (de son nom ancien Augustodunum),

- La voie de Rennes au Mans (Subdinum), 

- La voie de  Rennes à Rieux (Duretia),

- La voie de Rennes à Vannes ( Darioritum),

- La voie de Rennes à Nantes (Condivicnum)

- La voie de Rennes à Carhaix (Vorgium)

-  La voie de Rennes à Tréguier et au Yaudet.   

Si ces dernières voies n’apparaissent pas sur les documents précédemment cités, c’est tout simplement que l’on n’indiquait sur les itinéraires anciens que les voies qui faisaient communiquer Rome, centre de l’Empire, avec les extrémités du monde romain. Aucune route transversale n'a jamais figuré sur les plans romains, quelle que soit son importance. 

A cela, il est envisageable de rajouter les nombreux chemins de desserte ou de commerce qui permettaient de faire communiquer les régions habitées, fermes, hameaux (villae), mais aussi petits bourgs de marchés (vici) ou capitales de cités (oppida).

Ainsi, partant de Rennes, nous aurons :

-  La voie de Rennes à Combourg et à Dol de Bretagne

-  La voie de Rennes vers Roz-sur-Couesnon

-  La voie de Rennes à Châteaubriant

 

     Et, hors de l’axe de Rennes, nous avons d’autres voies, elles aussi reconnues : 

-  Celle d’Avranches (Legedia) à Corseul (Fanum Martis) ou Saint-Malo (Alet),

-  Celle d’Angers (Juliomagus) à Carhaix (Vorgium),

-  Celle de Vannes (Dariorigum) à Corseul (Fanum Martis)

-  Celle d'Avranches à Angers (Juliomagus)

-  Celle de Jublains à Corseul

-  Celles de Nantes, Rieux ou Vannes vers Corseul. 

     

La difficulté n’est pas tant de retrouver le tracé des voies que de distinguer les chemins romains de ceux d’époques moins anciennes. Il importe donc d’établir un classement de ces différentes voies.

Les routes nationales : elles assurent les communications entre Rome, les capitales de provinces, les ports et les endroits importants de l’Empire. On les appelle aussi viae militaris car elles sont souvent stratégiques et entretenues par l’armée. On y trouve le cursus publicus (service public des postes). Elles auront tendance à devenir progressivement des viae publicae en temps de paix. En Gaule, on considère comme voies publiques les routes d’Etat nécessaires au bon fonctionnement du gouvernement. C’est lui qui les construit, les surveille et les entretient. Elles assurent le pouvoir de Rome sur les territoires conquis. 

Les viae vicinale sont laissées au soin des régions ou pagi. C’est là l’origine du mot pays au sens actuel de canton. Ces voies s’embranchent sur les viae publicae, elles sont des routes secondaires destinées à relier entre eux les vici ou agglomérations. 

Les voies forment un réseau en étoile, souvent imparfait mais assez dense, avec pour centre la cité. Le soin de la voie est laissé aux magistrats locaux. La civitas assure ses communications locales.

Sur les bornes milliaires retrouvées, l’indication des distances a pour point de départ la capitale régionale, quelquefois même les frontières de la cité. 

Une troisième catégorie de voies correspond aux chemins privés, les viae privatae, construites et entretenues par leurs propriétaires, afin de desservir les fermes et les domaines. 

La construction de la voie publique est confiée à un entrepreneur, payé en partie par les cités traversées, le restant est à charge de l’Empire. Les voies vicinales sont entièrement à charge de la cité.

Une grande partie du budget passe dans le réseau routier. Afin de permettre l’entretien de ces voies et la construction de nouvelles routes, les péages sont nombreux. Les ponts et passages de gués sont lourdement taxés. Les transports terrestres en plus d'être longs sont coûteux.

On peut classer les voies selon leur largeur : 

decumanus maximus : 13 m,

cardo maximus : 7 m,

autres decumani et cardines : 4 m,

chemins secondaires : 3 m.

(ces distances sont officialisées par la loi d’Auguste, mais les chiffres indiqués ne tiennent compte que de la bande de roulement. Il conviendra donc d'y ajouter la largeur des fossés et des talus)

Le tracé des voies, essentiellement rectiligne, en est la principale caractéristique. C’est là le tribut payé par les peuples vaincus à leurs conquérants : on ne tient pas compte des limites des propriétés.

 

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archéologie aérienne, la voie Rennes-Quimper vue du ciel 

photo Maurice Gautier

Les voies sont souvent construites par-dessus d’anciens chemins gaulois que l’on rectifie. Les tracés, sans être rigoureusement droits, accusent beaucoup moins de courbes que nos routes actuelles et souvent elles abordent directement des pentes très accentuées, s’incurvant seulement pour desservir des habitations situées le long du parcours, pour contourner des obstacles infranchissables ou  accéder à un gué, un bac, un pont.

 

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cet antique pont romain est encore utilisé de nos jours

 Plus tard, l’établissement du cadastre communal se fera d’après le tracé de ces voies, le chemin public devenant la limite des bans communaux

La majorité des déplacements se fait à pied, à dos d’homme ou avec des bêtes de somme. Les marchandises plus lourdes sont transportées soit par chariots légers à deux roues, soit par charrettes à quatre roues dont la charge est limitée à 500 kg.   

Les voies sont peu adaptées aux lourdes charrettes du fait des fortes pentes de la route, de son étroitesse et aussi des véhicules difficiles à manœuvrer dans les virages, à cause de leur essieu avant fixe.

Sur la voie, on trouve l’armée, les courriers officiels du cursus publicus, des courriers privés, des marchands, des artisans ou des fermiers, rejoignant les villes de marchés. Les routes ne sont pas sûres. Les marchandises sont essentiellement alimentaires (huile, vin fruits et légumes), mais on trouve aussi des vêtements et des céramiques, du bois, de la résine pour les torches, du garum, du sel, du minerai, des pierres, des matériaux...                                 

Le réseau routier est en grande partie antérieur à l’époque romaine. César, dans ses commentaires, en reconnaît lui-même l’importance : il vante la rapidité de ses légions à se déplacer.

Les capitales gauloises commercent entre elles de longue date. Ajoutons à cela cinq siècles d’occupation romaine et il devient très difficile de dater les différentes voies. De plus, la route nécessite des réparations fréquentes. On la rehausse et ceci amène des chaussées d’une certaine hauteur, composées d’indices de différentes périodes.

L’utilisation de la route se prolongera au-delà de l’époque romaine, durant tout le moyen-âge. Il faudra attendre le siècle de Louis XIV pour que de nouvelles routes remplacent les voies antiques.

Les principaux aménagement de notre réseau breton datent d’Auguste et de Claude, puis des empereurs gaulois Tetricus, Maximin et Victorin, à la fin du IIIème siècle. Leurs noms figurent sur les milliaires retrouvés en Bretagne (1).

Les bornes milliaires sont une des caractéristiques des voies romaines. Ces colonnes de pierre de deux mètres de hauteur, pour un diamètre de 50 cm à 80 cm, sont dressées tous les milles romains (2). 

 

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borne milliaire

Elles portent généralement une inscription donnant le nom de l’empereur qui a fait construire la route, et la distance depuis le départ ou l’arrivée de la route. De rares bornes milliaires ont été retrouvés au bon endroit, beaucoup ont été déplacés ou ont changé de destination (réemployées en pierre de construction, transformées en calvaires, taillées en sarcophages…). Ainsi, une vingtaine d'entre elles fut retrouvée dans la muraille gallo-romaine de la ville de Rennes, et une autre servit même de support de bénitier (3).

La toponymie nous renseigne sur l’emplacement de ces vieilles bornes. Par exemple, sur la voie de Rennes à Alet, nous avons la Millais, les Milleries, la Mallerie, Millé et Melesse, qui jouxtent d’autres noms comme la Rue ou le Chemin.   

La christianisation de l’Armorique nous offre de nombreux repères routiers. On a ainsi remarqué que, lorsqu'une voie romaine traverse un bourg, elle passe toujours à côté de l'église ou d'une chapelle isolée. Même une simple croix peut servir d'indice. En effet, la vie des premiers Chrétiens évangélisateurs de la Bretagne passe le long de la route. Beaucoup de monuments chrétiens ont remplacé un temple ou un sanctuaire païen. D'anciens milliaires retaillés sont quelquefois devenus des croix rustiques.  

Au Moyen-Age, le pouvoir public néglige la route, pire encore il en vend parfois les pavés pour un réemploi en pierre de construction. Alors c’est l’Eglise qui se charge de l'entretien. Les routes de pèlerinage, les Chemins Roumieux, reprennent les anciens tracés. Les monastères et prieurés sont situés à proximité de la voie, ainsi que des hôpitaux, des léproseries, hôtels-dieu et autres centres de charité à destination des voyageurs.  

Les châteaux forts succèdent souvent à d'anciens castra romains. A leur tour, ils surveillent la route pour la protéger et quelquefois aussi en profitent pour la rançonner.

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archéologie aérienne, traces d'un camp romain- photo Gilles Leroux 

Les postes de péage ou Barres, nombreux, jalonnent les routes commerciales. 

L'industrie du sel va elle aussi utiliser les anciennes voies romaines, rebaptisées pour l'occasion Chemins Saulniers. Certains de ces chemins permettent aux contrebandiers de faire voyager le sel illégalement depuis la Bretagne où il est exempt de taxes, jusque vers le Maine où il est au contraire frappé de droits élevés. On trouve encore la trace de ces chemins du côté de Saulnières et du Sel-de-Bretagne, communes à la toponymie révélatrice. 

Les limites de communes suivent souvent le tracé d’anciennes voies. Le mot latin limes a d’ailleurs deux sens, limite et chemin. Alors, si des chemins ont été choisis comme limite de bans à deux paroisses, c’est qu’ils sont en toute logique antérieurs à la création de ces paroisses. Et quand on sait que beaucoup de nos communes existaient déjà dès le neuvième siècle, voire pour les plus anciennes à partir du sixième siècle, la preuve en est faite. On peut aisément supposer que les routes qui les séparent ont une origine gallo-romaine ou, en tous cas très ancienne.

Afin de pouvoir déterminer l'âge de ces vieux chemins arrivés jusqu'à nous, le critère le plus important à notre disposition est le type de fabrication des voies. Vitruve, architecte impérial d'Auguste, en dit : "le stratumen (assise : vient du verbe stare) formé de grosses pierres plates posées sur plusieurs rangs, le ruderatio, sorte de béton composé de pierres plus petites et mieux tassées, qui empêche l'humidité, le nucleus, liant de chaux à sec mélangé avec du sable et de la brique pilée, tassé par couches, et la summa crusta ou summum dorsus, pavage ou dallage, ou quelquefois seulement cailloutis (glarea). La voie est bombée en son centre de manière à permettre l'écoulement des eaux de pluie vers les deux fossés." 

Sans avoir la rigueur de Vitruve qui s'appliquait principalement aux entrées des grandes villes, la majorité des voies de notre région présente deux ou même trois de ces éléments, et cela nous suffira largement pour les caractériser. La voie romaine est reconnaissable à son bombé très caractéristique, lié à sa construction. Les fossés qui la bordent sonr eux-mêmes encadrés par des levées de terre. Alors, si tel ou tel vieux chemin présente cette forme, c'est une voie romaine. Mais les nombreuses réfections des voies, par empilements successifs de nouvelles couches, rendent souvent la reconnaissance difficile.

Le tracé de la voie est choisi de manière à éviter de trop importants travaux. La route est à flanc de colline, exposée au sud, car les sols y sont durs et secs. Elle fuit les fonds de vallées, contourne les marais, trop longs et trop chers à combler. Mais, en cas d'obstacle inévitable, le génie romain a pu accomplir des prouesses. La construction varie suivant le terrain, certaines voies sont chaussées, d'autres peuvent être dallées, ou bien elles sont seulement empierrées.

Aujourd'hui, il reste peu de vestiges des anciennes voies. Les tronçons apparents se trouvent souvent sur les hauteurs, là où l'érosion des siècles a dégagé la voie. Sur les pentes et les terrains humides, les traces ont presque toujours disparu, enterrées sous des couches plus récentes. Dans les bois, elles subsistent, cachées sous l'humus. La nature de la végétation permet de les reconnaître. Les genêtset ajoncs poussent sur les sols pierreux. Dans les champs, les céréales jaunissent plus vite à l'endroit de la voie. La photographie aérienne peut alors être un précieux auxiliaire. Dans les champs labourés, les empierrements retournés laissent des bandes de cailloux alors que le reste du champ n'en a pas. Enfin, sur les sols très durs, la forme bombée et les deux fossés encadrés de buttes de terre suffisent à différencier une voie romaine d'un chemin creux plus récent.

La voie est essentiellement rectiligne, ou plutôt elle est une suite de segments rectilignes successifs, ce qui lui donne l'aspect d'une ligne brisée, car les ingénieurs romains utilisaient un système de visée par projection (la groma). La voie est aussi tracée en fonction du terrain existant, recherchant les lignes de crêtes, utilisant les terrains solides et dans des paysages dégagés, pour une plus grande sécurité. Si elle arrive à un cours d'eau important, c'est toujours à un gué remplacé plus tard par un pont. La voie aborde généralement le gué en diagonale mais, dans le cas d'étangs ou de marais, elle prend au plus court.

On a souvent trouvé des monnaies dans les cours d'eau, offrandes à la divinité pour s'assurer un bon voyage. Bon nombre de guée ont disparu soit parce qu'ils étaient des obstacles à la navigation, soit du fait de la construction de ponts à leur emplacement, parce que le sol y était ferme et l'endroit propice. Le pont romain ne présente pas le profil bombé des ponts du Moyen Âge. Il est beaucoup plus étroit que la route, sa largeur ne dépasse pas trois mètres. Ses piles, construites en éperon dans le sens du courant, sont percées afin de laisser passer l'eau. Un tablier plat, souvent construit en planches de bois, et sans protections latérales, recouvre les piliers.

Sur le bord de la voie romaine, ont été édifiées toutes sortes de constructions nécessaires aux usagers. Le Cursus Publicus (poste d'Etat), possède des écuries pour les chevaux, des hangars pour les véhicules, une forge, des logements pour le nombreux personnel, ainsi que des bâtiments confortables pour héberger les voyageurs officiels. Des horrea permettent d'entreposer les denrées et autres marchandises prélevées par le fisc. A d'autres endroits, des camps militaires sont destinés à la sécurité et à l'entretien des voies. D'abord simples retranchements de terre, ils deviendront des castella ou châtelliers, autant de jalons pour retrouver la voie.

Plus tard, les stations deviennent des agglomérations, lieux de marchés. on y trouve des temples, des boutiques, tabernae, cauponae (restaurants). Il faut compter une dizaine de kilomètres entre chaque relais (mutatio) et trois relais entre chaque gite d'étape (mansio), l'équivalent d'une journée de marche à pied.

Les vestiges de constructions sont nombreux à apparaître lors de travaux de voirie ou d'urbanisme, mais aussi dans les labours des champs. ce sont souvent des débris de petites briques ou de tuiles plates à rebord appelées tegulae, à la forme très caractéristique aux habitats gallo-romains. Ces indices permettent de supposer le voisinage d'un chemin, bien qu'à cette époque, tout comme aujourd'hui, les habitations n'aient pas forcément été au bord d'une voie de communication.

On trouve aussi, au bord de la route, les mégalithes de la préhistoire, preuve d'une utilisation continue des anciens chemins protohistoriques. Egalement, les monuments religieux, tombeaux, sanctuaires et temples, deviendront plus tard les chapelles et églises, centres religieux des premières paroisses du Moyen Âge. Ces lieux de prières sont une aide précieuse au repérage des routes anciennes.

La désaffectation d'anciens chemins peut elle aussi nous aider dans notre recherche. On trouve quelquefois un chemin vicinal ou rural parallèle à une route moderne et seulement à quelques centaines de mètres de celle-ci, et qui mène à un village aux maisons anciennes. Cette configuration peut nous indiquer qu'un chemin primitif a été déplacé, pour une meilleure circulation des véhicules modernes. La route actuelle a cessé de desservir directement ces hameaux, sources d'embouteillages. La plupart des tracés déviés sera à étudier.

Enfin, l'étude des noms de nombreux lieux permet de suivre les tracés des anciens chemins. Vous en trouverez le détail sur la page suivante : toponymie des voies.

 

 

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