2-B VOIE DE CARHAIX A ERNEE

2-B 

Voie de Carhaix (VORGIUM)

à Ernée et Mayenne.   

     Cette voie n’est citée dans aucun document écrit, et sa détermination n’est pas certaine.

    Il semblerait qu’elle se fût confondue, au moins dans sa partie ouest, avec celle de Carhaix à Rennes (voie 1-N) qu’elle aurait quittée aux environs de Merdrignac.  Si l’on suit sa direction générale après qu’elle soit entrée dans le département à Quédillac, elle aurait pu passer par les communes de Médréac, Saint-Pern, près de Bécherel au village de la Barre, en Longaulnay, et elle aurait rejoint Tinténiac par l’actuelle D20 se dirigeant vers la Baussaine.  

    Après Tinténiac, en direction de l’est, on peut suivre un chemin qui se continue depuis la Lande ès Glets jusqu’à la Gouairière. Ce chemin coupe la forêt de Tanouarn, par le sud. Il disparaît ensuite, mais on peut toujours le suivre sur le cadastre communal, formant la limite des champs, et ce sur une longueur de deux kilomètres. La voie réapparaît ensuite, passe au sud de l’étang de Poitevin et, pendant trois kilomètres, elle forme la limite des communes. Elle est ensuite recouverte par le tracé de la route actuelle, depuis la Lande des Bruyères jusqu’à la Touche aux Gerbels, elle redevient chemin rural, passe par la Pigeonnière, les Grands Vaux, et traverse enfin la rivière l’Ille. On peut encore voir aujourd’hui les traces de l’ancien gué

  

la voie au nord de Guipel

    De l’autre côté de la rivière, nous retrouvons la voie sous la forme d’une route vicinale, depuis le Château Meslet jusqu’à la Lande Perrine. Elle rejoint ensuite le bourg de Feins (1). Dans la traversée de Feins, l’église Saint-Martin est rebâtie sur les fondations d’un monument plus ancien, et dont il ne reste qu’un bénitier. Devons-nous voir dans le patronyme de Saint-Martin la récupération du nom du dieu romain Mars, par son génitif Martis ? Il n’y a là qu’un pas qui nous permettrait d’associer ce monument au passage de la voie antique.  

 Benitier feins

   ancien bénitier, église Saint-Martin de Feins.

    De Feins jusqu’à Sens, nous trouvons quelques traces de la voie à la Bigotais, lieu-dit qui pourrait se trouver à proximité de l’intersection avec la voie de Rennes à Avranches (voie 1-E). Le vieux calvaire au fût octogonal représente Saint-René, évêque d’Angers au Vème siècle.

 la voie avant Sens

 

    D’autres traces sont également visibles depuis le Bourg-Neuf jusqu’à la Vairie et de la Croix-Daniel à la Grandais puis à la Liardais. La voie rejoint ensuite Sens-de-Bretagne où deux tracés sont possibles : 

     Premier tracé, au nord, sur le plateau du Moulinet, à 1 200 m au nord de Vieux-Vy-sur-Couësnon (2). Sur la rive gauche du Couesnon, on voit les vestiges d’un camp retranché qui aurait pu être occupé en 1488 par l’armée bretonne, avant la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. Ce camp pourrait avoir une origine gallo-romaine. La voie aurait ensuite pu descendre du plateau en direction du Couësnon qu’elle aurait alors franchi au Gué-Main (3). 

     Deuxième tracé, au sud du château d’Orange, à 700 m au sud-est de Vieux-Vy : la voie pouvait traverser le Couesnon au Gué-Roux (4), avant de se diriger vers la Lande-Pavée. On a trouvé sur cette lande des cercueils en pierre, des meules romaines et même des haches datant de l’époque néolithique.

    Sur le site d’Orange, on aperçoit encore aujourd’hui les restes d’un camp retranché romain, de dimensions exceptionnelles, ayant réutilisé un vieux mur datant de l’âge du fer (5).

    L’église Saint-Germain de Vieux-Vy-sur-Couesnon date en partie du XIème siècle et aurait été édifiée sur les ruines d’un monument encore plus ancien, érigé en bordure de la voie romaine.

 église de Vieux-Vy

église Saint-Germain, Vieux-Vy-sur-Couesnon (en partie du XIème). 

     A Gahard, quelques kilomètres plus au sud, l’église Saint-Exupère date elle aussi du XIème siècle, et peut être elle aussi considérée comme un jalon sur la voie. 

 

église de gahard

église Saint-Exupère, Gahard (en partie du XIème).           

      La lisière sud-est de la forêt du Tiercent (un kilomètre au sud du bourg) touche la route D102 au Tertre. Depuis cet endroit, on peut suivre notre voie formant la limite des champs, sur lecadastre communal, juste au sud de la Gellinière et de l’Oisillère (1 000 m au sud-est du Tiercent). Puis elle devient un chemin rural, long de 3 300 m, qui passe par Carquoy, traverse la route de Saint-Hilaire-des-Landes à Saint-Marc-sur-Couesnon (D103), continue 600 m ausud de Saint-Hilaire et se perd 300 m à l’ouest du Château de la Haye, près des Bouvreuils. Au château de la Haye, les restes d’une enceinte fortifiée peuvent marquer l’assise d’un camp romain (6) destiné à protéger la voie.

      Nous pouvons ensuite la suivre, une nouvelle fois comme limite de champs. En alternance avec des chemins de traverse, elle passe par la Briquerie, le Champ-Lion, à un kilomètre au nord de Saint-Sauveur, sur le bord de la route de Montours. Elle coupe l’autoroute A84, près de Romagné, à la Lande-du-Haut. Ensuite, devenue un chemin rural sur une longueur de 2 300 m, elle aboutit à Bonne-Fontaine. Nous pouvons voir dans le nom de lieu-dit la trace d'une ancienne source. Les fontaines, lieux de culte, se trouvaient souvent aux abords des routes.

 

la voie au nord de Romagné

     La voie rejoint ensuite le tracé de l’ancienne RN12 par Bout-de-Lande, Sainte-Anne, Bellevue, Villeneuve, la Croix-aux-Rochelettes, et enfin Fougères (7) où elle pourrait s’être réunie avec la voie de Rennes à Bayeux (voie 1-F).   

NOTES SUR LA VOIE : 

            Sur son parcours dans notre département, elle coupe la voie 2-L, de Vannes à Corseul,  à Médréac (8),

            Puis la voie 2-J, de Nantes à Corseul près de Bécherel, au lieu-dit la Barre.

            Juste avant de franchir la Rance, elle croise la voie 1-B, de Rennes à Alet, au sud de Tinténiac.  

            Elle croise ensuite la voie 1-C, de Rennes à Dol, trois kilomètres au nord de Guipel.

            A Feins, elle coupe la route du sel, voie 1-D, conduisant à Roz-sur-Couesnon.

            A Sens-de-Bretagne, elle croise la v-Doie 1-E, de Rennes à Antrain et Avranches (par Sacey)

            Aux environs de Saint-Ouen-des-Alleux ou le Tiercent, celle de Rennes à Avranches, la voie 2-F (par Saint-James). 

            A Saint-Sauveur-des-Landes, puis à Fougères

            Et enfin à la limite est du département, elle coupe quatre autres voies :

            La voie 2-E, vers Bayeux et la voie 2-D, vers Avranches,

            La voie 1-F, vers Lisieux

La voie 2-C, ou Chemin de Cocaigne,

     Ces différentes voies sont toutes orientées nord-sud.  Si nous calculons les distances entre ces intersections, nous obtenons toujours la même distance, huit kilomètres :             

            De Médréac à Bécherel : 8km

            De la Barre près de Bécherel à Tinténiac : 8km

            De Feins à Sens : 8km

            De Sens à Saint-Ouen-des-Alleux : 8km

            De Saint-Ouen à Saint-Sauveur-des-Landes : 8km

            De Saint-Sauveur au château de Fougères : 8km 

 

      Il s’agit peut-être là d’un hasard, mais ne pourrait-on pas y voir une succession d’anciennes stations d’étape, des Mutationes, qui auraient jalonné la voie ? Au niveau du carrefour de la Barre, entre Bécherel et Longaulnay, un embranchement se séparait de la route et partait vers la Baussaine, Tinténiac, Dingé, Marcillé-Raoul, Tremblay, Cogles et sortait du département à Savigny-le-Vieux, dont le patronyme est certainement d’origine romaine.  

 

RENVOIS : 

 

(1) Feins serait située à l'emplacement du Ad Fines de l'Itinéraired'Antonin. Voir détail explication sur page voie 1-D

(2) Le Gué-Main : du nom de Main 1er,  seigneur de Fougères à la fin du Xème siècle.- bulletins de la société archéologique d’Ille-et-Vilaine.

(3) ateliers gallo-romains de meules au Moulinet, voir détail voie 3-N

(4) Le Gué-Roux doit son nom à Raoul 1er , seigneur de Fougères à la fin du XIème siècle.

(5) Société archéologique de Saint-Malo.

(6) Pouillé de Rennes – Guillotin de Corson.

(7) A Fougères, sur les bords du Nançon, un premier château, au IXème siècle, a remplacé un fort qui défendait la voie romaine.

(8) Modoriacum, citée dès 835 dans le cartulaire de Redon. 

 

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