1-F VOIE DE RENNES à VIEUX à BAYEUX ou à LISIEUX

1-F  

Voie de Rennes (Condate)

à Vieux (Aregenua),  

  à Lisieux (Noviomagus),

ou à Bayeux (Augustodurum)

 

     Cette voie n’est citée ni dans la Table de Peutinger ni dans l’Itinéraire d’Antonin. Elle a cependant été formellement reconnue sur divers points de son parcours, notamment par l'archéologue breton Alain Provost. La cité de Vieux-la-Romaine figure sur la table de Peutinger, mais sur un autre parcours. 

      La voie quittait la ville de Rennes par la Porte Chastelière, elle traversait ensuite l’actuelle rue d’Antrain, du sud-ouest vers le nord-est. Sous les n° 64 et 66 de la rue, on a trouvé, en creusant sous les fondations des maisons, un fragment de voie qui avait 5,10 m de largeur et se composait de trois couches superposées : un lit de marne de 0,16 m d’épaisseur, une couche de schiste de 0,15 m et des galets noyés dans une terre argilo-sablonneuse de 0,40 m (1).    

     Après sa sortie de Rennes, son tracé gagnait la N24, vers Fougères, qu’elle suivait jusqu’à la Lande Bouhard, au bas de la côte de Vaux, à 1 200 m du croisement de la route de Saint-Sulpice-la-Forêt. A cet endroit, elle s’en détachait du côté sud-est. Après une interruption de 500 m,  son tracé est encore visible sous la forme d’un chemin rural long de 1 200m, qui est un des derniers vestiges de l’ancienne Route Royale de Rennes à Fougères 

    Cette route était connue, au XVIIIème siècle, sous le nom d’Ancien Grand Chemin (2). Elle passait aux Champs-Blancs, 600 m après Bouhard. Sur l'ancien cadastre, un champ porte encore le nom de Champ du Pavé. Des monnaies romaines ont été trouvées au lieu-dit Bout-de-Bois, à 800 m au sud-ouest des Champs-Blancs, et 500 m au sud de la voie (3).    

     Plus loin, on en trouve d’autres traces au lieu-dit la Bretonnière, à 500 m au sud du lieu-dit Fort-Bouëxière. Elle coupe la route qui relie Cesson à  la route nationale N136 de Rennes à Fougères, à 500 m de cette dernière. Elle passe à la Gravelle, 1 000 m au-delà, puis elle rejoint un chemin vicinal venant de la route de Fougères. Après avoir traversé le village de la Clotière, elle arrive au bourg de Thorigné-Fouillard, devant l’église.

   Thorigné, de par son suffixe gné, pourrait indiquer une origine gallo-romaine, venant du nom de personne Taurinius. Cent mètres au sud, à la sortie du bourg de Thorigné, nous noterons les lieux-dits les Ruelles et le Tertre Rouge   

    La voie se prolonge en ligne droite, d’abord comme chemin vicinal, puis comme chemin rural, franchissant la Hutte, la Croix des Bourgeons, comme limite de communes 500 m durant, jusqu’à la lisière sud de la forêt de Rennes, au niveau du Carrefour des Boulains. A cet endroit, la voie se partage en deux embranchements, celui de gauche n'était pas connu jusqu'en 2006, date à laquelle il a été mis à jour par l'équipe du CERAPAR (voir détail en fin de cet article).  

      L'autre embranchement, dont le tracé est connu et repéré, longe la lisière sud de la forêt de Rennes, séparant alors les communes de Liffré et de Thorigné après être passé au lieu-dit  la Maison Neuve, à 4 400 m au nord-est de Thorigné. L’existence de la Route Royale est attestée à cet endroit par des actes aux archives départementales, à Rennes, concernant le Droit d’Impôt et de Billet sur les boissons, que levait, au XVIIème siècle, le Fermier Général de l’Evêché de Rennes (4).

    

en noir, le premier tracé de la voie depuis Rennes

 

     Après avoir longé la lisière sud de la forêt, la route arrive au Boulais aux Ecuries, elle passe à la Maison-Neuve, à quelques dizaines de mètres du Gué de Mordrée et traverse le ruisseau du Gué Renais (y voir peut-être une allusion à Rennes). Ce tronçon de la voie peut se suivre ainsi pendant neuf kilomètres. C’est près de là qu’une tradition place l’ancien château de Leuche (5). 

     Depuis la forêt de Rennes, la voie se dirige ensuite vers Sérigné, 2 300 m au sud-est de Liffré, et dont le suffixe gné accuse une origine gallo-romaine. Elle passe par le Landret, la Monnerie, la Baillée, les Galesnes et la Buzardière. Elle rejoint ensuite vers l'est la route départementale D528. Son souvenir est conservé dans le Champ du Pavé et le Courtil du Pavé (6)

 

                              

la voie depuis la forêt de Rennes jusqu'à la forêt de Liffré

En pointillé rouge, la déviation repérée par le CERAPAR

 

Sondage cerapar en foret de rennes rennes bayeux 1 f

sondage CERAPAR en forêt de Rennes

     A quelques centaines de mètres à l'est, se trouvait l’ancien Prieuré d’Allion, d'Allyon ou de Rallion qui fut fondé après la victoire remportée par les Bretons sur les Francs vers l’an 595. Nous noterons les lieux-dits l’Assaut et le Champ de Bataille, sur le bord du ruisseau de Noironde (7). La rencontre en ce lieu des deux armées prouve qu’une voie y existait au moins à la fin du VIème siècle. 

    La voie se dévie vers l'est pendant un kilomètre, afin d'éviter les zones marécageuses de Sérigné, puis elle rejoint le village de la Paveillais, au nom très caractéristique, situé 1 200 m plus au nord, commune de la Bouëxière. C'est à cet endroit qu'elle pourrait avoir rencontré une autre voie 3-F venant de Marcillé-Robert.

    Elle entre ensuite dans la forêt de Liffré ou forêt de Sevailles, à l’est de la Richelais, commune de Liffré, à un kilomètre au nord-est de la Paveillais. Des vestiges en ont été signalés à deux endroits, sous la forme de trois couches de grès schisteux (8). De récentes fouilles ont confirmé la présence de la voie (9).

                                   

la voie traversant la forêt de Liffré

Rennes bayeux sondage cerapar oct 2007 foret de liffre 1 f

sondage CERAPAR en forêt de Liffré - 2007

     Elle devait sortir de la forêt près de la Grimaudais, puis remontait vers Saint-Aubin-du-Cormier par la Ferrerie puis la Basse-Peignerie. La toponymie de certains lieux voisins tels les Quatre-Chemins ou les Prés Chaussés indique le passage d'une voie.

                     donjon st aubin du cormier

Ruines médiévales de la forteresse de Saint-Aubin-du-Cormier protégeant autrefois la voie. 

    La voie devait rejoindre Saint-Aubin-du-Cormier où elle serait entrée par le Rocher de Bécherel, puis elle prenait la direction de Vendel (voir détails voie 3-T) et Fougères.

    De Saint-Aubin, elle reprend le tracé de la D812, ancienne N12, par Plaisance et Panloup jusqu'à la Juhellerie.  Son tracé disparaît ensuite mais elle passait au Pont Neuf et à la Chênais Gontier. Elle disparaît ensuite totalement, entaillée par l'emprise de la nouvelle A84 pour réapparaître du côté de Saint Martin où elle traversait le Couesnon. Une grande boucle vers l'est la fait passer ensuite entre Saint-Jean-sur-Couesnon et Saint-Marc-sur-Couesnon. Son tracé disparaît une nouvelle fois mais il est encore visible par son bombé dans le paysage. La voie se suit par la Machepas, rejoint la D22 à la Villaune Martin.

 Voie

la voie de Saint-Aubin-du-Cormier à Vendel

 

    A cet endroit, notre voie vient de fusionner avec Corseul vers Jublains, le Chemin Chasles (voie 2-G). Un kilomètre plus loin vers l'est,  au Pont Notre Dame, elle traverse une nouvelle fois le Couesnon avant de pénétrer dans Vendel selon une direction ouest est. A la sortie est de Vendel, au lieu-dit le Bas Chemin, un mausolée daté du Bas-Empire a été mis à jour. C'est à cet endroit que se trouve un embranchement menant sud-est vers le Mans et nord-est vers Jublains.

    Vendel, le pagus vendellensis, était une mutatio au carrefour de plusieurs voies. Des fouilles ont confirmé l'occupation gallo-romaine du lieu.

 Vendel

le carrefour de Vendel

    Après Vendel, notre voie se dirigeant vers Vieux et Jublains est une suite d'hypothèses. Aucun tracé vers Fougères n'est visible sinon l'actuelle D112 qui évite les nombreux cours d'eau voisins en gardant une ligne droite vers le nord-est. Entre la Villaune-Martin et le Pinois, la photo aérienne laisse apparaître un tracé avec fossés qui rejoint la D112, 300 m au nord-ouest de Vendel.

 

Nord

 la voie entre la Villaune-Martin et le Pinois (au N.O. de Vendel)

 

    Ou bien notre voie aurait-elle pu emprunter pendant un certain temps le chemin Chasles se dirigeant vers le nord-est après Vendel, comme le pense Alain Provost. C'est la D22 qui passe par la Maison Neuve, le Bas Chemin, Marmande et les Vieilleries.

     Mais si l'on garde Fougères comme direction principale par la D112, la voie quitte la D22  1500 m à l'ouest de Vendel, à la Villaune Martin, elle disparaît un kilomètre dans le paysage, jusqu'au Pinois. On aperçoit sa trace dans les champs (voir photo aérienne) puis, pendant 800 m, elle emprunte un chemin rural jusqu'au carrefour du Morihan. Elle retrouve la D112, passe au nord de Vendel, traverse le ruisseau de la Charrière au Gué Bodin, on la suit par la Tangougère, la Dohinière, le Fresne. Elle franchit à gué les ruisseaux du Vau Clairet puis du Vaugarny, après la Tanceraie.  Elle est coupée par la D706 de Lécousse et arrive au pied du château de Fougères par la Gautrais et la Grange.

 

Vendel

 de la Villaune Martin au Fresne 

 

Vendel

du Fresne à Fougères

 

    On ne signale dans Fougères aucune trace d’une véritable occupation romaine mais cependant plusieurs voies pourraient s’être rencontrées dans ses environs (voie 1-F, voie 2-B, voie 2-D, voie 2-H et voie 3-A) ce qui ferait du site un carrefour important. 

   C'est pour cette raison que l'historien Adolphe Toulmouche avait pensé placer à Fougères le Ad Fines (10) de l’Itinéraire d’Antonin, alors que l'ensemble des historiens s'accorde à le voir à Feins.

 

Fougeres

fortifications médiévales de Fougères

 

    Louis Maupillé a supposé que cette voie continuait vers Bayeux, passant par le Champ-Lion  ou Champlion (1 000 m au nord de Saint-Sauveur-des-Landes, sur la route de Saint-Sauveur à Montours), et qu’elle rencontrait en ce lieu une autre voie, celle de Carhaix à Bayeux (voie 2-B).

    On trouve, en effet, à l’angle nord-ouest du bois de Champ-Lion, les restes d’un important quadrilatère fortifié, en terre, qui pourrait avoir été destinée à protéger une bifurcation de voie (11). Mais, d’après la description qu’en a fait Louis Maupillé, il doit s’agir plutôt de la voie qui menait vers Avranches (voie 2-E).  

    Ce chemin se prolonge pendant un kilomètre puis, après une interruption de 200 m, réapparaît en traversant la forêt parallèlement à la grande route, quelques centaines de mètres à l’ouest de celle-ci.  

 

voie-romaine-foret-de-fougeres.jpg

bombé de la voie en forêt de Fougères

 

     Il coupe, à 400 m de la lisière, la D108 qui conduit de Fougères au château de la Villegontier, en Parigné, passe immédiatement à l’ouest de Chiennedé (2 100 m plus loin), croise, à 100 m au nord, la route qui relie le Carrefour des Sept Voies au Couvent de Saint-François, puis, 700 m au-delà, l’allée qui se dirige vers Landéan, et sort enfin de la forêt, un kilomètre plus loin, à l’est du Rocher.  

      Il est possible que ce chemin ait ensuite rejoint le village des Vieuxvilles,  1 700 m au nord de Landéan, et 400 m à l’ouest de la route. Vers 1850, on trouvait encore, près de ce village, les restes d’une levée de terre sur une longueur de 100 m (12).  

     Deux kilomètres et demi au-delà, la voie passe par Villavran, où l’on voit encore les traces d’un ancien camp. Trois kilomètres plus loin, à l’ouest de Louvigné-du-Désert, à l’embranchement des routes de Louvigné, Mellé et Villamée (D14 et D15),  apparaissait autrefois au village de Pierrelé, un fragment de chaussée de quinze à vingt mètres de longueur, et qui aurait pu faire partie de la voie (13).             

      L'origine du nom du village de Pierrelé vient du latin petra lata, la pierre levée. Est-ce là une allusion à une borne milliaire ? En tous cas, c’est à Pierrelé que Louis Maupillé a pensé situer le lieu Ad Fines que l’Itinéraire d’Antonin plaçait sur la voie de Rennes à Alleaume (14).

    D’après les différentes copies, Ad Fines est distant de quarante kilomètres de Rennes, or Pierrelé en est à cinquante-cinq environ. Alors qu' Adolphe Toulmouche considérait que cette voie conduisait de Rennes à Lisieux, Louis Maupillé l’a envisagée comme reliant Rennes à Bayeux, en tous cas à partir de Fougères. 

    Alors, cette suite correspond-elle à un embranchement sur la voie ? En tous cas sa direction a changé. Fougères aurait donc pu correspondre au carrefour routier de plusieurs voies romaines dont une menant vers Bayeux et une autre, lègèrement plus sud, vers Lisieux. La ville de Lisieux marque le prolongement de la direction initiale de la voie, depuis Rennes. Nous ajouterons à ces deux possibilités l'antique cité de Vieux, près de Caen, qui est placée entre Bayeux et Lisieux !

     Après Fougères, certains historiens fougerais ont cru voir, il y a quelque temps, notre voie se continuer en direction de Laignelet, vers l’est. Mais l’on sait aujourd’hui qu’il s’agit de la voie 2-B, de Carhaix à Bayeux. Voici quand même son parcours car elle est un prolongement possible de la voie de Condate à Bayeux :

      Elle quittait Fougères du côté est, en suivant la route D806 de Laignelet et du Loroux. Elle s’en détachait au bord sud de la route de la forêt, à la hauteur de la Caserne des Urbanistes. Après avoir traversé la rivière, elle passait par la Cour-Gelée sous la forme d’un chemin rural de trois kilomètres de longueur, rejoignait la route de Laignelet à 700 m à l’ouest de ce bourg, évitant ainsi l’angle que forme actuellement l’intersection de ces deux routes. Puis elle suivait la route de Laignelet au Loroux pendant 300 m. Elle la bordait ensuite à moins de 100 m au sud, sur une distance de 1 400 m, la coupait en biais, et la longeait au nord, pendant 1 200 m, pour la rejoindre à trois kilomètres de Laignelet en formant un coude prononcé.   

      On peut suivre son tracé sur l’ancien cadastre où elle apparaît tour à tour comme chemin de terre et limite de champs, passant par les lieux-dits Maison-Neuve puis Ville-Neuve. Le chemin rural qui en est le prolongement forme la limite des communes de Laignelet et de Fleurigné. Elle passe par la Bretonnais, puis par la Motte-Angers (15) et enfin le Mont-Romain, ce dernier toponyme accréditant une origine très ancienne.              

       Encore quelques centaines de mètres comme chemin de terre, puis la voie disparaît une nouvelle fois pendant 500 m, réapparaît comme chemin rural sur une distance d’un kilomètre, toujours en limite de communes. Elle sort enfin du département à la Petite-Chanteillerie, avant de rejoindre les Fourcheries. Tout près, à 100 m au nord de la Chanteillerie, se trouve le village du Carrefour (deux kilomètres au sud-est du Loroux).            

    Les toponymies des Fourcheries et du Carrefour semblent indiquer presque certainement l’intersection de notre voie 2-B, de Carhaix à Ernée, avec la voie romaine menant d’Avranches vers la Gascogne, plus connue sous le nom de Chemin de Cocaigne (16) (voir voie 2-C).             

       Revenons à notre voie romaine de Rennes à Lisieux. Après Fougères, Landéan puis Louvigné-du-Désert, elle entrait dans le département de la Manche à Savigny-le-Vieux, commune dont la toponymie ne laisse aucun doute sur son origine ancienne. Mais comme je l'ai déjà dit précédemment, ce dernier tronçon indique Bayeux alors que la voie initiale indique Lisieux. Alors y aurait-il un autre tracé ? 

 

DECOUVERTE  RECENTE :

    En 2006, une équipe de chercheurs du CERAPAR (17) vient d'exhumer un tronçon de la voie en forêt de Rennes, ou plutôt une déviation de celle-ci (voir carte 2 ci-dessus).

    Cette voie qui vient d'être répertoriée sous le nom de Voie du Bignon, quitte le chemin précédent à l'entrée sud de la forêt, par la gauche, près du carrefour forestier des Boulains, en formant un angle de 45° vers le nord-est. Elle se dirige vers le carrefour de Mi-Forêt, à la lisière est, et prend la direction de Liffré.

     A l'intérieur de la forêt, elle coupe l'allée forestière du Bignon, puis celle de Maison-Neuve, entre les carrefours de Maison-Neuve (à 300 m) et du Crapaud (à 200 m). Elle croise ensuite l'allée forestière de Culon avant de quitter la forêt un peu au nord de Mi-Forêt.

    Trois coupes en ont été faites en forêt. Elles nous indiquent que cette route était formée d'une voie large de 11,70 m et d'une bande latérale de 4 m, séparées par un fossé. La partie voie avait une bande de roulement de 6 m de largeur. 

     Sa construction laisse apparaître de bas en haut, sur le sol décapé, un radier de gros blocs ajustés et posés à plat, un lit de terre de schiste broyé, des pierres et graviers damés et cimentés dans de la terre, une couche de terre pilée et en summa crusta la couche de roulement formée de sable et de fins graviers, sur une épaisseur de trois centimètres. La voie a pu être datée grâce à la découverte, dans le radier, de tessons de céramique du premier siècle de notre ère.                                                        

                                             

sondage-rennes-bayeux1.jpg

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fouilles CERAPAR 

  

       Ce tronçon de voie suit un moment la direction de Liffré avant de l'infléchir fortement vers la droite. Il rejoint ensuite les villages de la Gouchetière, des Hamardières et de la Morlais. Puis tantôt comme limite de champs, tantôt invisible, son tracé rejoint la Prétais et la D528 qu'il suit pendant 1 500 m, du Mouton Brillant jusqu'au ruisseau de Sérigné.

     A cet endroit, la voie passe ouest-est entre les étangs de Sérigné et de la Vallée. Elle rejoint le tracé précédent pour reprendre sa direction initiale, après avoir effectué un grand arc de cercle.

     Alors, pourquoi ce changement brusque de direction, pourquoi ces deux voies très proches? Une partie de la réponse réside dans le fait qu'il fallait éviter les étendues marécageuses de Liffré et de la Bouëxière.

     Une autre tient peut-être dans le fait que l'histoire médiévale de la région va donner la priorité à l'un des deux chemins, le second perdant de son importance. On sait que la forêt de Rennes est antérieure au XIIème siècle. Les voyages à cette époque étaient loin d'être sûrs, alors mieux valait éviter les traversées de forêts. 

     Le CERAPAR a également inventorié un autre tronçon de voie, quelques kilomètres plus au nord, dans la forêt de Liffré-SevaillesLa voie entre dans la forêt par le sud, coupant le chemin vicinal venant de Liffré à 700 m à l'est de la Richelais et à 300 m à l'ouest du carrefour forestier de Melecotais (18). Elle traverse la forêt direction nord-est, formant une boucle par l'est afin d'éviter de nombreux petits cours d'eau et sources, puis elle ressort au carrefour de la Grimaudais.

     Une coupe en a également été faite. Elle présente les mêmes caractéristiques que les relevés précédents, on y trouve en plus de nombreuses scories de fer, ce qui pourrait accréditer l'existence d'anciennes forges dans les environs (nombreux gisements de fer).

 

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document CERAPAR, sondage en forêt de Liffré - octobre 2007

 

    Après la forêt, la voie s'infléchit brusquement vers l'est pour rejoindre la ligne des hauteurs. Elle coupe la D26 à 300 m à l'ouest de la Feuillonnais, passe à la Ferrerie, et semble ensuite prendre la direction de Saint-Aubin-du-Cormier où elle pouvait rejoindre la voie 3-F et peut-être la voie 3-N.

 

NOTES SUR LA VOIE :   

      a) Le site de Fougères, en tant qu'agglomération, n'est pas cité avant le IXème siècle. Pourtant ses environs sont riches en mégalithes de l'époque néolithique et le passage de plusieurs voies romaines y est attesté. Alors, s'agirait-il d'une ancienne station routière dont les traces restent encore à découvrir ? En tous cas, l'implantation du premier château est certainement liée à la surveillance du carrefour de chemins antiques.

       b) Vieux, dans le Calvados près de Caen, fut la capitale du peuple des Viducasses (de vidu le bois et casse les gens), connue sous le nom d'Araegenuae ou Arigenus. Au IVème siècle, elle prit le nom de son peuple, Viducasse, puis Vieux. Elle déclina à la fin de l'Empire pour devenir de nos jours une petite bourgade de 700 habitants. Des fouilles archéologiques ont mis à jour différentes parties de l'ancienne cité romaine, créée sur l'oppidum gaulois, au Ier siècle de notre ère. Aregenua devait certainement communiquer par des voies importantes avec les principales villes de l'Armorique.

 

                         

Vieux, villa gallo-romaine

             

 Vieux, les thermes d'Aregenua

 

vieux-cg14.jpg

reconstitution hypothétique de la cité d'Aregenua,

réalisée par le service archéologique du Conseil Général du Calvados

 

       a) César dans ses commentaires cite Lisieux, comme la cité du peuple des Lexovii. La ville fut fortifiée au IIIème siècle.

      b) Le nom de Bayeux apparaît pour la première fois par Pline l'Ancien qui parle de la cité des Bajocasses. La ville sera fortifiée au IIIème siècle.

       c) Saint-Lo : Brioveria doit sa naissance à un pont sur la Vire.         

      d) Emile Pautrel, dans ses "Notions d'histoire et d'archéologie pour la région de Fougères" suppose que la voie, dans son tracé nord de notre département, passait primitivement vingt kilomètres à l'ouest de Fougères, par Saint-Brice-en-Coglès, Poilley, continuait entre Mellé et Saint-Georges-de-Reintembault, et prenait ensuite la direction de Saint-Martin des Landelles dans la Manche. Ce serait, selon lui, la création le la baronnie de Fougères, vers l'an mil, qui aurait dévié la voie vers son nouveau parcours, laissant à l'abandon le chemin d'origine.

      e) Sur la commune de la Bouëxière, le site de Chevré semble occupé depuis la plus haute antiquité, mégalithes, découverte d'une statuette gallo-romaine en bronze (en 1935), la chapelle date du XIIème siècle et le pont et la chaussée de l'étang sont du XIIIème.

       f) La forêt de Rennes se trouve sur le territoire de Liffré : cette forêt existe depuis le haut-Moyen-Age et elle fut habitée de longue date. On y trouve deux mégalithes (la grande-Lune et les Brosses), sept enclos, des tertres et autres enclaves. On y note la présence de deux voies romaines (voie 1-E et voie 1-F). En forêt de Liffré, trois mégalithes, divers enclos et tertres montrent également une occupation ancienne.

 

 RENVOIS : 

 

(1) Histoire archéologique de l’époque romaine de la ville de Rennes – Adolphe Toulmouche.

(2) Minutes de Sohier, Notaire, archives départementales.

(3) Société archéologique d’Ille-et-Vilaine.

(4) Minutes de Chassé, Notaire, archives départementales.

(5) Société archéologique d’Ille-et-Vilaine.

(6) Pouillé de Rennes – Guillotin de Corson.

(7) Histoire de Bretagne – Argentré.

(8) Société archéologique d’Ille-et-Vilaine.

(9) CERAPAR, prospections en forêt de Fiffré, 2006.

(10) Histoire archéologique de l’époque romaine de la ville de Rennes – Adolphe Toulmouche.

(11) Voies du Cotentin vers la Gascogne. Louis Maupillé.

(12) Société archéologique d’Ille-et-Vilaine.

(13) Société archéologique d’Ille-et-Vilaine.

(14) Voies du Cotentin vers la Gascogne. Louis Maupillé.

(15) L'association des noms la Bretonnais et la Motte-Angers indique bien le sens de la voie : chemin menant de la Bretagne vers Angers. 

(16) Société archéologique d’Ille-et-Vilaine. 

(17) CERAPAR :  Centre de Recherches Archélogiques du Peys de Rennes (son siège est à Pacé).

(18) Sur le cadastre de 1787, figure dans la forêt de Sevailles le lieu la "mare de la Chaussée". Des vestiges gallo-romains pouvant correspondre à une mutatio ont été repérés a l'entrée sud de la forêt, près de la voie.

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